Le théâtre de La Belle Etoile à Saint-Denis offre une occasion unique de découvrir une auteure anglaise méconnue Cayl Churchill et une jeune troupe de femmes, le théâtre de le Remise, en provenance de Montpellier. Les 6, 7 et 8 mars.
Caryl Churchill est une écrivaine anglaise peu connue des Français. Elle écrit sa première pièce pour le théâtre, « Propriétaires », en 1972. Résolument féministe et engagée, son théâtre met en scène le combat que les femmes doivent mener pour être connues et reconnues. Ses personnages sont ceux qui, dans notre société, ont le moins de chances de réaliser leurs désirs, désirs érotiques, désirs politiques, désirs sociaux, désirs culturels. Elle met en scène le désir des opprimés et le désir de femmes. Elle le fait en mêlant les genres, ce qui rend sa traduction difficile. Son théâtre est à la fois violent, traumatique, et rempli d'un humour grinçant. Peu à peu elle se débarrasse des conventions du réalisme, et fait la part belle à l'absurde et au surréalisme. C'est en 1982 qu'elle écrit « Top Girls », pièce au casting exclusivement féminin.
Marion Coutarel, du théâtre de La Remise, compagnie théâtrale montpelliéraine, décide de s'attaquer à cette pièce « Top Girls » qui met en scène des femmes aux prises avec une société machiste qui demande aux femmes de toujours prouver plus.
Le premier acte est résolument onirique et surréaliste. Marlène décide de fêter sa nomination de directrice générale de l'agence de recrutement Top Girl. Pour ce faire, elle invite à son banquet Isabelle Bird (1831-1904), voyageuse de l'ère victorienne, Lady Nijo (née en 1258), courtisane de l'Empereur de Chine et none bouddhiste, Dull Gret, sujet d'un tableau de Bruegel, la Papesse Jeanne qui aurait été pape entre 854 et 856 et Patiente Griselda, héroïne d'un conte de Chaucer.
Toutes ces femmes, réelles ou imaginées, ont, en commun, d'avoir lutté pour préserver leur intégrité morale et physique et protéger leur progéniture. Envers et contre tout, elles ont accompli leur destin de femme. Atmosphère festive, mélancolie puis fureur sont les temps de ce dîner.
Le deuxième acte retombe dans la réalité d'un quotidien qui a bientôt 20 ans. Etrangement, il raisonne comme un texte écrit hier. Rancœ,ur, jalousie, arrivisme, entretiens d'embauche, difficulté pour les employées à crever le plafond de verre promotionnel. Rien n'a changé dans le monde de l'entreprise.
Le troisième acte, se situant un an avant le deuxième, est un huis-clos étouffant entre deux sœ,urs qui ont choisi des voies différentes. L'une n'a pas quitté son environnement oppressant, l'autre est partie conquérir le vaste monde mais à quel prix ? La scène se rétrécit et les comédiennes évoluent dans un mouchoir de poche. Recherche formelle d'une occupation de l'espace, utilisation du ralenti pour suggérer l'enfermement.
Marion Coutarel, travaillant beaucoup sur le corps et le déplacement, a choisi ses comédiennes dans ce sens et avec soin. Elles sont sept actrices qui viennent d'horizons très différents. L'une est russe et a fait ses études théâtrales à Moscou, dans un cadre qui est particulièrement attentif au corps et à la gestuelle corporelle. Une deuxième est danseuse. La troisième est danseuse et comédienne. La quatrième vient du cirque et est trapéziste. Les trois autres ont beaucoup travaillé sur le corps et l'improvisation. Toutes ces femmes, à un titre ou à un autre, ont une présence singulière. La metteuse en scène ne met pas en avant leurs talents particuliers, mais utilise leur grâce et leur gestuelle pour servir les personnages de Caryl Churchill.
L'occasion, pour les Parisiens, se présente de découvrir enfin cette auteure méconnue en France, et cette jeune metteuse en scène montpelliéraine. Sa troupe du Théâtre de la Remise se pose au théâtre de la Belle Etoile à Saint-Denis les 6, 7 et 8 mars.
Ville de Saint Denis / Cie Théâtre de la Remise
20h30 le 6 et 7, 16 h 00 le dimanche 8 Mars
14 Rue Saint Just
La Plaine-Saint-Denis
Réservations : 01 49 33 66 53
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