Scènes Roumaines à l'Espace culturel Louis Vuitton à Paris

Jusqu'au 12 janvier 2014

Cette année, l'Espace culturel Louis Vuitton choisit de montrer les expérimentations artistiques d'un pays qui n'a jamais cessé d'être une terre de création : la Roumanie. Expérimentaux et confidentiels pendant les années d'oppression politique, les artistes roumains ont rapidement affirmé leur identité en se projetant sur la scène internationale.


Geta Bratescu, The traveler, 1997.


Certaines figures marquantes de la scène artistique de ces quarante dernières années se trouvent réunies dans une sélection où passé et futur se côtoient naturellement et où l'image est prédominante. Les peintures d'hier, symboles de la résistance à l'oppression de la dictature, sont autant d'images réinventées qui, malgré une mondialisation exacerbée, conservent une très grande force. A Bucarest, les artistes historiques ont gardé des années sombres une véritable vivacité créatrice, qui s'est transmise à leurs successeurs. Geta Bratescu, figure majeure de l'art roumain d'après-guerre, évoque le voyage à travers une série de dessins conçus sur un principe d'écriture automatique. Ion Grigorescu témoigne en photos et en dessins du souvenir d'une époque révolue. Ioana Batranu peint des intérieurs désertés laissant deviner la splendeur paradoxale d'un passé chargé. Bogdan Vladuta, artiste de la nouvelle génération, crée des univers urbains presque monochromatiques où s'expriment un sorte de mysticisme impalpable.

De g. à dr. : Oana Farcas, In and out, 2013 - Hurt 2013.


A Cluj, la jeune génération s'empare des techniques de peinture académique et les emporte au-delà des frontières attendues, là où l'hyperréalisme convie à l'onirique. Dan Beudean transforme à la mine graphite les personnages mythiques de ses œ,uvres en icônes. Mihuț Boșcu Kafchin crée un univers pléthorique où la réalité plonge dans la science-fiction. Simon Cantemir Hausi brouille les pistes de ses portraits et de ses paysages jusqu'à la quasi abstraction. Oana Farcas envahit la douceur des traits qu'elle peint dans une lumière presque surnaturelle. Ciprian Muresan s'approprie des œ,uvres littéraires à travers le dessin pour entamer une réflexion sur l'histoire récente de la Roumanie. Sergiu Toma emporte son spectateur dans un voyage nostalgique et mystérieux, riche en symboles fantasmagoriques.

De g. à dr. : Ioana Batranu, Banquet, 2003 - Melancholic interior I, 1995.


Serban Savu peint l'apparente banalité de la société roumaine qu'il scrute de la fenêtre de son atelier. Mircea Suciu enrobe sa critique sociale dans un univers loufoque et subversif. Enfin, Adrian Ghenie explore par le portrait les incontournables questions du pouvoir et de l'oppression tout en se jouant des clichés de l'histoire du divertissement. En somme, il n'y a pas d'École de Cluj, mais un vivier d'artistes qui ont su affirmer leur identité et l'originalité de leur style. Leur création est le fruit d'un va-et-vient entre l'intérieur (l'être) et l'extérieur (le monde) dans un équilibre qui préserve la force et la vigueur de l'auteur.

A voir, jusqu'au 12 janvier 2014 à l'Espace culturel Louis Vuitton, du lundi au samedi de 12h à 19h, le dimanche de 11h à 19h. 60, rue de Bassano 75008 Paris. Tél. : 01 53 57 52 03 & www.louisvuitton-espaceculturel.com.





Par ArtsHebdoMedias.com
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