Les affiches vont fleurir à Paris annonçant le premier Salon de la Mort. Provocation ? Evidence plutôt. C'est, avant tout, l'idée d'une femme qui sait regarder la vie en face. En duo, Jessie Westenholz et Jean-Pierre Jouët organisateurs de grands salons*, ont osé ce que personne au monde, jusqu'ici n'avait osé : inviter le grand public à s'informer sur tout ce qui entoure la mort. Du 8 au 10 avril prochains va donc s'ouvrir cette première édition qui n'a même pas pris la précaution de se dissimuler derrière un nom elliptique.
« On ne parle pas de la mort avant qu'elle survienne et elle peut survenir à tout âge », constate Jessie Westenholz inspiratrice de ce Salon. Elle ajoute, « j'ai compris tardivement que Maman aurait aimé m'en parler. Je regrette de n'avoir pas su l'écouter ». De ce constat elle a acquis la conviction que chacun de nous devrait être responsable de ce qui entoure sa mort, la préparer pour qu'elle nous ressemble. Prévoir, donner des messages aux autres permettrait de vivre le moment autrement en libérant la pensée. Lorsque cette femme de tête et de cœ,ur a commencé à formuler son idée fin 2008, l'étonnement a vite fait place à l'approbation. Sauf en ce qui concerne le titre. Dans ce qu'on lui proposait en guise d'euphémismes, se trouvait contenue toute la force du rejet de la mort dans notre culture. Elle a tenu bon, cherchant déjà, à travers ce titre franc et sans ambiguïté, à lever le tabou. A lui seul le salon est un événement insolite : il n'en existe aucun autre dans le monde à s'adresser directement au public autour de l'avant, pendant et après de la mort et pourtant, rien qu'en France, plus de 500 000 décès annuels sont constatés.
La vie, l'humour, la mort
Sujet grave certes mais non désespéré. Bien au contraire. L'humour et la sérénité seront au rendez-vous. Outre toute la partie pratique entourant la mort à laquelle nous sommes si peu préparés, les visiteurs pourront aussi se désaltérer au Bar de la Veuve sponsorisé par les champagnes Veuve Clicquot (le bar à bière a été évité...) ou faire réaliser par Sismo une photo d'art de leur portrait sous forme de vanité, accompagné de leur propre crâne. On y trouvera également une exposition d'œ,uvres d'art contemporain autour d'artistes hantés par l'idée d'au-delà et une exposition joliment nommée « Tout doit disparaître ».
Côté sérieux, le Salon se donne pour mission d'accueillir un public soucieux de s'informer sur les choix pratiques et anticiper les décisions nécessaires à l'inéluctable issue de toute vie. Exposants et conférenciers de renom favoriseront la réflexion et l'échange autour de ce sujet à multiples facettes. Une vingtaine de tables rondes et de débats animés par des sommités permettront de traiter les aspects psychologiques, philosophiques, spirituels autant que matériels de la mort. Il sera question de soutien, de solidarité, d'accompagnement et de l'approche spécifique des diverses cultures et religions face à la mort. Jessie Westenholz et Jean-Pierre Jouët espèrent que cet événement permettra de faire bouger notre société à maints égards. D'en parler avec le plus grand nombre sera sans doute une bonne façon de commencer à dédramatiser le sujet.
La mort est pluriculturelle. Chaque culture s'est approprié ce qui entoure la mort à sa façon pour se rassurer au mieux. N'est-il pas curieux comme le souligne Jessie Westenholz, que selon nos lois sociales, tout doit être réglé en trois jours : le choc du décès d'un proche, le deuil, le financement des obsèques, la partie administrative, la cérémonie quelle qu'elle soit ? Alors même que la mort peut être l'événement le plus soudain et souvent le moins préparé qui soit dans nos vies ? Les visiteurs pourront y croiser des exposants couvrant tous les aspects entourant un décès : soins palliatifs, accompagnement, soutien psychologique et social, assureurs, notaires, pompes funèbres, mobilier funéraire, prestataires divers pouvant répondre aux souhaits d'un personne quant à la cérémonie des obsèques, fut elle laïque. Ce Salon permettra aux visiteurs de réaliser la diversité des demandes et des possibilités d'y répondre sur-mesure. Cercueils originaux, y compris en carton, musiques spécifiques, épitaphes, photos pour pierres tombales, sites internet dédiés.
En somme, tout ce que vous avez parfois voulu savoir sur la mort sans oser le demander.
(* ensemble ils ont, parmi beaucoup 28 salons, créé la FIAC, le Salon du Livre, le Salon Nautique, Musicora, Marjolaine)
SALON DE LA MORT au Carrousel du Louvre à Paris le 8, 9, 10 avril 2011 de 10h à 19h (18h le dimanche)
www.salondelamort.com
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