Deux ans et demi d'enquête
Retour sur le travail d'enquête et d'investigation de Rose Bosch.
A l'origine du film “La Rafle”, il y a deux ans et demi de reportage et d'enquête : Rose Bosch a rassemblé des témoignages, écrits ou enregistrés, pour construire son récit et ses personnages.
Elle est entrée en contact, avec l'aide de Serge Klarsfeld, avec trois témoins encore vivants : Fernand Bodevin, l'un des pompiers du Vel'd'Hiv', Joseph Weismann et Anna Traube.
Elle a lu les lettres jetées sur les voies par les enfants déportés à Auschwitz, et visionné les « films de vacances » d'Eva Braun.
Tous les faits et anecdotes du film sont véridiques, qu'ils soient directement ou non liés à la rafle et à la déportation. C'est par exemple le cas de Michel Muller, oublié devant l'école par son frère Jean, l'histoire ayant été attribuée dans le scénario à Nono et son frère Simon. De
même, c'est leur soeur Annette qui obtient la permission d'aller acheter un peigne, et qui se souvient de sa mère à genoux, suppliant pour que ses enfants ne soient pas arrêtés.
Les souvenirs des témoins sont aussi à l'origine de certains choix de mise en scène : le plan serré sur les mains de Nono, qui refuse d'être enfermé dans le wagon à la fin du film, est la transcription visuelle d'une phrase
d'Annette Leiris Monod qui se rappelle « quatre bouts de doigts » quand Jacquot crie « je veux descendre ».
Ce parti pris de «restituer ces gens à la vie» se retrouve dans l'élaboration des personnages : le travail d'enquête a aussi eu pour objectif d'identifier « quelques destins ».
Rose Bosch utilise la fiction pour ce qu'elle permet : montrer un réel que le documentaire ne peut enregistrer. Elle le fait en travaillant à partir du réel, des témoignages qu'elle a recueillis.
Joseph Weismann est arrêté avec toute sa famille et s'évade à 12 ans de Beaune-La-Rolande avec Joseph Kogan : il inspire Jo, poulbot de Montmartre, contraint de porter l'étoile jaune.
Annette Leiris Monod, reconnue comme juste, est assistante sociale de la Croix Rouge. Elle travaille non seulement au Vel'd'Hiv' mais aussi dans plusieurs camps du Loiret : elle devient l'infirmière. Annette, qui suit les enfants de Paris jusqu'à Beaune-La- Rolande en s'attachant à Nono.
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