Richard Avedon : Jeu de Paume

«La profondeur de la surface»

C'est la première grande rétrospective organisée sur Richard Avedon, depuis son décès en 2004. Après le Louisiana Museum, et le Forma, à Milan, elle est présentée au Musée du Jeu de Paume Concorde du 01 juillet au 28 septembre 2008.


Divima et les éléphants

Richard Avedon, né le 15 mai 1923 à New York, dans une famille juive d'origine russe, est l'un des très rares artistes à avoir débuté dans la photographie dite «non sérieuse», puis à avoir effectué le grand saut en direction de la photographie dite «sérieuse», où il a su s'imposer. Les rétrospectives qui lui ont été consacrées depuis les années 1960 par les plus grandes institutions ont souvent choisi la mode pour thème central.


L'empathie comme marque de fabrique

Twinggy

Cinquante ans durant, Avedon fut l'un des plus grands noms de la photographie de mode. L'exposition regroupe 270 œ,uvres retraçant l'ensemble de sa carrière de 1946 à 2004 : des photographies de mode pour le côté paillette des années 1950 bien sûr, mais surtout des portraits d'inconnus ou de célébrités du monde de la politique, de la littérature, de l'art et du spectacle.
-Un point commun se retrouve dans tous ces portraits : l'empathie de l'artiste. Plutôt que de représenter les personnes d'un point de vue arbitraire, Avedon s'efforce d'en révéler les différentes facettes. Si une photographie est par nature «fidèle», il prouve qu'elle peut montrer plus que la simple réalité superficielle.«Un portrait n'est pas une ressemblance. Dès lors qu'une émotion ou qu'un fait est traduit en photo, il cesse d'être un fait pour devenir une opinion. L'inexactitude n'existe pas en photographie. Toutes les photos sont exactes. Aucune d'elles n'est la vérité» expliquait Richard Avedon. Ces propos sont rapportés par dans le catalogue édité par le Louisiana Museum et qui accompagne l'exposition.


Ces portraits parlent des gens

Roberto Lopez

Une quarantaine de tirages grand format de la série In the American West, réalisée par Avedon de 1979 à 1984 enrichit l'exposition. Cette série explore la «profondeur de la surface». Les portraits doivent leur intensité non à une dislocation entre le «vrai» et le «faux», entre l'authenticité et le faire-semblant, mais plutôt à la perplexité fondamentale du modèle quant à l'image qu'il a ou qu'il donne de lui-même. «Mon sujet n'est pas l'Ouest , j'aurais pu faire ces photos en n'importe quel lieu du monde. Ces portraits parlent des gens, comme tout ce que je fais. Peu importe l'Ouest» commentait Richard Avedon

De 1979 à 1984, Avedon sillonne l'Ouest américain, qui subit alors une grave récession économique. Chemin faisant, il centre son attention sur des lieux bien précis : ranchs, mines de charbon, foires aux bestiaux, abattoirs, relais routiers... Il réalise le portrait de sans-abri, d'ouvriers agricoles, de mineurs, de serveuses, coupés de l'environnement qui est habituellement le leur. L'idée est de faire entrer les exclus et les défavorisés dans la tradition du portrait, de placer les faibles là où l'on représente ordinairement les puissants.


Le déclin d'un système de valeur



Sandra Bennet

Pour ce faire, Avedon utilise, comme pour ses portraits de célébrités, la chambre, le fond neutre et l'éclairage — soit les éléments qui composent son style, immédiatement reconnaissable. En revanche, les photos de In the American West n'ont pas été prises en studio mais à la lumière du jour, devant un simple fond de papier blanc accroché au flanc d'un camion. Il en résulte des clichés sans concession, dans lesquels Avedon a su mettre en scène la lutte quotidienne pour la vie et le déclin d'un système de valeurs traditionnellement associées à l'Ouest américain. Empreints d'humanisme et d'une grande sobriété, ces portraits grandeur nature d'Américains anonymes, issus des couches les plus défavorisées de la société, sont immédiatement devenus un classique de l'histoire de la photographie.


--Jeu de Paume
-1, place de la Concorde
-75008 Paris

-Métro : Concorde (lignes 1, 8, 12)
-Bus : 24, 42, 72, 73, 84, 94

--Renseignements : 01 47 03 12 50

--Accès par le jardin des Tuileries,
-escaliers côté rue de Rivoli.
-Accès aux personnes handicapées, par l'entrée principale place de la Concorde,

--Horaires
-Mardi (nocturne) : 12h à 21h
-Mercredi à vendredi : 12h à 19h
-Samedi et dimanche : 10h à 19h
-Fermeture le lundi

--Tarifs
-Entrée : 7 €
-Tarif réduit : 4 €
-Les 'mardis jeunes' : entrée gratuite pour les étudiants et les moins de 26 ans le dernier mardi de chaque mois, de 17h à 21h



Par Laure Menanteau

Portrait de admin

Ajouter un commentaire