Rétrospective Jacques Lipchitz (1891-1973) à Biarritz

Jusqu'au 4 octobre 2009

Cet été, la Ville de Biarritz organise une rétrospective importante de l'oeuvre du sculpteur cubiste Jacques Lipchitz, considéré comme l'un des pionniers de la sculpture contemporaine du XXe siècle. L'Holocauste et l'
histoire du peuple juif ont notamment nourri les créations de cet artiste.

108 œ,uvres (62 sculptures, 45 dessins, 1 peinture) de Jacques Lipchitz (Druskieniki (Lithuanie), 1891 - Capri (Italie), 1973) sont présentées dans l'espace muséal du Bellevue, centre de congrès et d'expositions à Biarritz. La scénographie imaginée par le commissaire de l'exposition, Kosme de Barañanooffre un parcours en sept salles : Les premières années de Lipchitz / Lipchitz et le cubisme / Lipchitz et ses contemporains/ Le compromis politique de Lipchitz / Lipchitz et la sculpture publique/ une vision plus généraliste de l'œ,uvre. Ces différentes époques présentent un panorama complet de l'artiste entre 1914 et 1971, depuis sa formation en tant qu'apprenti sculpteur et étudiant des Beaux-Arts à Paris jusqu'aux réalisations importantes des dernières années de sa vie. On y retrouve les différentes phases de ses recherches : sa période cubiste entre 1918 et 1922 représentée par de nombreux bas-reliefs ou des figures presque abstraites. Sa période où, dès les années 1930, il se rapproche d'un certain réalisme qu'il aborde avec une grande expressivité et une forme de baroque très personnelle. Ses œ,uvres reflètent son intérêt pour les grands thèmes bibliques ou mythologiques, à travers lesquels il exprime son inquiétude face aux événements qui l'entourent. Sont également présents trois portraits qui, en 1920, incarnent le retour à la figuration de l'artiste : ceux de Annie Dalsace, Gertrude Stein et de Raymond Radiguet (jeune poète alors âgé de 17 ans présenté à l'artiste par son ami Jean Cocteau). Jacques Lipchitz est présent dans de nombreux musées du monde: Los Angeles (Music Center), New York (Moma, Guggenheim Museum), Tokyo, Paris (Centre Pompidou), Madrid (Reina Sofia), en Australie...

Départ de France pour les Etats-Unis

Le nom de Jacques Lipchitz est peu connu du grand public, alors qu'il a été l'un des grands sculpteurs cubistes - peut être le plus important. Selon certains historiens de l'art, cela s'expliquerait par son départ précipité de France en 1940, lors de l'arrivée des nazis dans Paris, pour s'installer aux Etats-Unis l'année suivante. Il y passera le reste de sa vie, tout en séjournant tous les étés à Pietrasanta en Italie à partir de 1963. Pendant 40 ans on ne voit pratiquement plus son travail en France, alors que les Etats-Unis lui offrent de grandes expositions comme la rétrospective en 1954 au MOMA à New York, lui passent commande d'œ,uvres, ce qui lui permet d'entreprendre des travaux monumentaux. L'amitié de Jacques Lipchitz avec des personnalités aussi exceptionnelles que Picasso - qu'il rencontre en 1913 par l'intermédiaire de Diego Rivera - Juan Gris, Modigliani, et la rencontre d'artistes, d'intellectuels, tels que Max Jacob, Reverdy, Cendrars, Apollinaire, Chagall, Soutine, Le Corbusier (qui lui construit sa maison à Boulogne-sur-mer) l'inscrivent de façon très forte dans le grand courant d'échanges artistiques existant à cette époque. L'œ,uvre de Lipchitz est considérée par un grand nombre d'historiens de l'art comme une des plus autobiographiques de sa génération : les joies et les regrets de sa vie personnelle, les événements politiques, la guerre, l'Holocauste et l'histoire du peuple juif ont nourri ses créations. Ses nombreux écrits et sa longue correspondance révèlent ses préoccupations et ses sources d'inspiration. Au-delà du talent incontesté de l'artiste, de son euphorie créatrice et de son côté précurseur, sa création révèle une diversité de styles et de thèmes attestant son insatiable curiosité et son amour de la vie. Jacques Lipchitz contribuera, aux côtés de Julio Gonzalez, de Pablo Gargallo et de Juan Gris, à ouvrir de nouveaux chemins pour les sculpteurs qui leur succèderont.

- Cette exposition organisée par la Ville de Biarritz (Service des Affaires Culturelles) a été rendue possible grâce à la collaboration de la Fondation Lipchitz de New York, de la Galerie Marlborough, ainsi qu'au prêt de collections privées de Zurich, Monaco et Madrid.

Par Nicole Salez