Retour à Tokyo

Témoignage d'une expatriée

Retour à Tokyo : Delphine, une Française expatriée a quitté la capitale japonaise après l'énorme séisme suivi du tsunami et de la crise nucléaire. Et puis elle est revenue au bout de trois semaines. Voici le témoignagne qu'elle a envoyé à Femmexpat.

Japon

«Que des sourires depuis notre retour...jeudi 31 Mars !

Sourire (léger, c'est un japonais) du Douanier à Narita : 'Ah vous revenez ? Passez ! Bienvenue !'...OUPS ma valise était pleine de 'choses illégales' : bonbons, chocolat etc.

Sourire énorme de JB (il est français), venu nous chercher à Narita ! : 'Quelle belle surprise !'

Sourires des enfants et moi en retrouvant notre maison, notre rue, notre quartier,

Sourire du boulanger (Benoit, français) le vendredi , 'Vous êtes la première française que je vois en 3 semaines !' (Il est marié à une japonaise et n'est donc pas parti !

Sourire parmi le groupe de copains retrouvé dimanche pour un pique-nique indoor, plus d'hommes que de femmes mais une superbe ambiance !

Sourire des profs et des élèves lundi, en se retrouvant ! SI SI PROMIS ! Et des classes à effectif réduit : 12 élèves au lieu de 30...C'est génial pour le suivi !

Sourire du monsieur de TOKYO WATERWORK lorsque je jardinais dehors, moi qui persuadée qu'il voulait accéder au compteur, l'ai emmené à la trappe, lui ne voulait pas. Il voulait savoir si on resterait au Japon. A ma réponse positive, il a applaudi m'a remercié et est reparti. Donc sourire ému chez moi aussi !

Sourire mardi en retrouvant la bande de la Bibliothèque et Madame l'épouse de l'Ambassadeur qui a travaillé tout le temps avec la cellule de crise. Déjeuner au soleil, chacune racontant 'son' séisme...sa peur, etc.

Sourire et fou-rire mercredi au soleil toujours avec 3 copains,

idem jeudi
idem vendredi : (Ce jour surtout sourire pour moi chez le coiffeur en découvrant ma tête bien coiffée...)

Bref une belle semaine pleine de rires, de pleurs parfois, toujours de gaîté à se retrouver. Si peu de françaises sont rentrées. Beaucoup ne reviendront pas, certaines veulent revenir mais les compagnies des maris refusent...

La vie ici : rien à voir avec ce qu'en disent les médias français. Elle est presque comme avant, un peu moins de néons, c'est positif, moins d'étrangers dans le métro, il n'y a pas de touristes, les quartiers touristiques sont géniaux sans ces 'gaijins' qui crient (oh horreur ici) bousculent et jettent des papiers par terre (argh)...Voire fument même dans les endroits interdits et jettent leur mégot dans la rue.

Mais pour ce qui est des 'restrictions', je préfèrerai parler de 'limitations' : oui l'eau en bouteille est limitée à une par personne, mais rien ne nous empêche d'en acheter dans plusieurs magasins : NON NOUS N'AVONS PAS DE CARTE DE RATIONNEMENT ! Les laitages reviennent peu à peu mais ne pas oublier qu'au départ le japonais n'a pas la 'culture' du laitage. Et les produits frais sont archi contrôlés ! L'eau du robinet ne brille pas la nuit. Super contrôlée elle aussi !
Les rues vides de la ville ? Ah ? Première nouvelle. Les japonais sont au bureau, à l'école, à l'université, dans les magasins, dans les cafés, partout...

Sinon mardi, je suis allée au Consulat prendre les cachets d'iode AU CAS OU. Psychologiquement c'est mieux qu'une combinaison NBC !

Des sourires, je vous dis ! Et le bonheur d'être ici, la tristesse aussi de savoir que certains de nos amis vont quitter le Japon définitivement...
Et ces 'chefs français' qui se relaient pour porter des repas chauds aux réfugiés du nord, ils passent par la zone radioactive, leurs femmes aussi font ces trajets, elles apportent elles des jeux et des jouets pour les enfants. LEUR SOURIRE quand ils nous en parlent, leur bonheur à eux !

ET PUIS UNE BELLE TROUILLE JEUDI SOIR : 'Ah non ça recommence' et puis non c'était juste une réplique UN PEU FORTE quand même cette réplique !»

Delphine