Représentation d’Ylajali de Jon Fosse, d’après Faim de Knut Hamsun

Les 7 et 8 novembre 2011, à la Maison de Norvège, Gabriel Dufay et la compagnie Incandescence présenteront leur mise en scène de la pièce 'Ylajali' du dramaturge Jon Fosse, inspiré du célèbre roman de Knut Hamsun 'Faim'.

Un jeune homme marche dans les rues d'une ville, avec une couverture sous le bras.

Souffrant d'inanition prolongée et mis à la porte de son logis, il recherche désespérément quelque chose à manger. Envers et contre tout, le jeune homme tente de survivre, lutte pour conserver sa dignité. Passé et présent s'enchevêtrent de manière troublante. Fantasmes, souvenirs, projections, réalité, rêves...

Ses soliloques et sa narration sont entrecoupés d'interventions drolatiques et dramatiques des autres personnages qu'il rencontre au gré de son errance : des policiers, des employés et des bourgeois. Tous incarnés par une même personne, le Vieil Homme.

Et puis il y a une jeune femme, mystérieuse et imposante, en qui il reconnaît « Ylajali », qui personnifie pour lui une sorte d'amour idéal et de lumière lui redonnant vie.

Entre les trois figures se met en place un drame souterrain, une danse lancinante, tragi-comique, avec en arrière-fond, la Faim qui ronge le personnage principal.

Qu'est-ce qui fait marcher le Jeune Homme ? La Faim est-elle une allégorie de la Vie ou de la Mort ? Qui est Ylajali ?

Texte contemporain inédit et véritable objet poétique, fruit d'une rencontre entre les deux grands écrivains norvégiens Jon Fosse et Knut Hamsun, Ylayali est une œ,uvre forte et originale. Faim, roman très populaire et emblématique de Hamsun date de 1890 et a marqué des générations entières. Il s'intéresse aux déboires d'un jeune homme, en colère contre la misère et l'environnement urbain, luttant dans les rues de Christiania contre la faim et les troubles intellectuels qui en résultent.

Jon Fosse extrait, pour ainsi dire, le noyau du roman pour en faire une pièce exceptionnellement dense, une odyssée intérieure dans laquelle les ombres de Beckett, Bernhard, Kafka ou Dostoïevski sont convoquées.
Il efface tout ce qui pourrait s'apparenter à un ancrage historique et ramène La Faim à son essence même, dans un dépouillement extrême. L'auteur interroge l'humain à son point le plus extrême : que reste-t-il quand on n'a plus rien, quand exister devient uniquement lutter pour subvenir à ses besoins les plus essentiels, c'est-à-dire manger ? Comment conserver sa dignité et a fortiori son humanité ?

Je vous invite à découvrir ce texte inédit, cette pièce tout à la fois comique, métaphysique et politique, d'une intemporalité brûlante.

Gabriel Dufay

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Traduction : Camilla Bouchet et Gabriel Dufay (L'Arche Editeur - à paraître)
Ce texte a reçu une aide à la création du Centre National du Théâtre

Lecture dirigée par Gabriel Dufay —, Cie Incandescence

Avec:
- Gabriel Dufay : le jeune homme
- Agathe L'Huillier : la femme
- Jean-Paul Wenzel : le vieil homme
- Didascalies dites par Camilla Bouchet
- Création musicale : Antoine Bataille

Merci à Michel Archimbaud, Katharina von Bismarck, Jérôme Bocquet, Inès et Jean-Pierre Dufay, El Mostafa Iklil, Soline Portmann, Guri Skoklefald et Pauline Masson.

Par Nicole Salez