Parité : A compétence égale, les femmes obtiennent rarement les promotions qu'elles sollicitent, alors que les hommes n'ont souvent même pas besoin de demander pour les recevoir, selon une étude américaine qui vient de paraître.
Contrairement aux idées reçues, les jeunes femmes diplômées accédant à un premier job revendiquent autant que les hommes des promotions et des hausses de rémunérations, mais elles n'ont que rarement gain de cause, révèle une enquête de la très influente association américaine Catalyst.
Ce rapport, intitulé « le mythe de l'employé parfait », bat en brèche l'idée selon laquelle les jeunes femmes seraient moins pro-actives pour l'évolution de leur carrière que les hommes. «Elles le sont, mais sont rarement entendues », expliquent Nancy Carter et Christine Silva, respectivement vice-présidente et directrice des études de Catalyst, dans un entretien au quotidien américain Washington Post.
Cette enquête, basée sur plusieurs centaines de diplômés de grandes écoles et universités (MBA) dans le monde, s'est concentrée sur les évolutions de carrière de femmes et hommes dits « à haut potentiel ».
Elle a constaté qu'il n'y avait guère de différence de progression de carrière entre les jeunes femmes qui avaient cherché à changer de fonction ou à être mieux rémunérées et celles qui étaient restées plus attentistes. A contrario, il est apparu une réelle différence pour les hommes. Ceux qui ont eu une attitude opportuniste ont progressé davantage que les autres.
En clair, expliquent-t-elles, l'adage « qui ne tente rien n'a rien » ne s'applique qu'aux hommes car les femmes ont beau tenter... bien souvent, elles n'obtiennent rien.
La suite est malheureusement prévisible : au fur et à mesure des années, la progression de carrière et de rémunération des hommes est plus rapide que celles des femmes, et l'écart entre les deux sexes se creuse. Autant dire que la nomination de Christine Lagarde à la tête d'une grande institution comme le Fonds monétaire international apparait comme une exception qui confirme la règle.
D'où provient alors l'idée fausse selon laquelle les femmes « n'osaient pas demander ». Sans doute de ce que, au final, il leur soit plus souvent opposé un refus qu'aux hommes, suppose Catalyst.
En clair, l'auto-promotion est un comportement jugé acceptable pour les hommes mais pas pour les femmes.
Si les femmes revendiquent autant que les hommes mais avec de moindre résultats, peut-être est-ce aussi parce qu'elles doivent demander plus souvent et plus longtemps ? Cela tendrait alors à prouver que... les hommes n'ont pas besoin d'en faire autant pour parvenir à leurs fins, suggère l'association.
Ainsi les femmes auraient besoin de faire reconnaître la valeur de leur travail, et pas les hommes ? Les dirigeants estiment-ils que les femmes devraient s'accommoder de salaires inférieurs ? Autant de questions que se pose l'association.
Elle souligne aussi que dans les entreprises de taille moyenne, la politique de parité semble meilleure et surtout plus transparente.
Et de conclure qu'il est temps que les grandes sociétés prennent le problème à bras le corps, faute de quoi à l'avenir, les femmes à 'fort potentiel' partiront définitivement dispenser leurs compétences ailleurs.
Cette étude est à rapprocher de celle de l'an dernier, qui démontrait que « la clé de l'avancement des femmes passe par le parrainage ».
« Même en travaillant fort et se conformant aux règles du jeu, les femmes sont souvent laissées-pour-compte », notait déjà Catalyst, qui soulignait l'importance des réseaux et des soutiens pour la carrière des femmes.
A propos de Catalyst
Fondé en 1962, Catalyst est le plus important organisme à but non lucratif voué au développement des opportunités pour les femmes et les entreprises. Établi aux Canada, aux États-Unis et en Europe, et comptant plus de 400 grandes sociétés membres, Catalyst est considérée comme une source fiable de recherches, d'informations et de consultations sur les femmes au travail.
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