Paris n’existe pas

Pour la première fois en DVD

'Paris n'existe pas' est un ovni dû au talent de Robert Benayoun. Au générique, Richard Deluc, Danièle Gaubert ou encore Serge Gainsbourg. Pour la première fois en DVD.

Ce « Paris n'existe pas » peut être vu comme une histoire de poupées russes transposée à l'écran. Il est étrange de voir ce film, tourné en 1968 par Robert Benayoun, 45 ans après.

L'histoire en est simple, le héros Simon, alias Richard Leduc, peintre en mal d'inspiration, fume, lors d'une fête très année 60, une substance hallucinogène. Partant de là, sa vie va se dérégler, il va voir, derrière les murs de son appartement, un autre appartement, derrière sa compagne Angela, jouée par Danièle Gaubert, une femme, Lucienne, interprétée par Monique Lejeune, qui occupait précédemment l'appartement. Il ne voit plus la rue de la même manière, des flashs en noir et blanc le ramènent quarante ans en arrière.

Ce film, complètement branque et baroque, est entrecoupé d'images d'archives qui montrent des carrioles tirées par des chevaux, des omnibus à impériales, des tramways. La Morgan du héros entraîne dans une folle randonnée dans Paris, filmée de la voiture, très bas et très vite, habilement montée avec des images d'archives. La progression dans la rue Saint-Jacques à fond les manettes est un grand moment. Le spectateur a le cœ,ur au bord des lèvres. Les effets spéciaux d'aujourd'hui peuvent aller se rhabiller.

Le dandy Laurent alias Serge Gainsbourg

Avec le temps, le spectateur est placé dans l'exacte position de Simon. Se perdre dans la quête d'un objet disparu. « Paris n'existe pas. Nous existons. Paris c'est un mensonge qui change », dit Simon.
Parler de ce film, qui ressort en DVD, c'est aussi parler de Serge Gainsbourg, musicien qui signe la musique du film, musique d'apocalypse qui accompagne Simon dans sa descente aux enfers qu'il assume avec une certaines délectation , et du Serge Gainsbourg acteur.

Il incarne Laurent, un dandy esthète, fume-cigarette au bec, au charme et à l'intelligence ravageurs. Ami et conseiller de Simon, il le conduit dans les arcanes de son voyage dans le temps.

La maison où vivent Simon et Angela aurait pu être pensée et créée par Gaudi. Personnage à part entière, c'est une merveille Art déco. Le lieu idéal pour une dérive surréaliste.

Le film se termine sur une citation de Borges : « Le temps est la substance dont je suis fait. Le temps est un fleuve qui m'entraîne, mais je suis le temps , c'est un tigre qui me déchire, mais je suis le tigre , c'est un feu qui me consume, mais je suis le feu. »

Ce « Paris n'existe pas » est un voyage immobile qui met en abîme les mutations de la ville. Comment ne pas s'y perdre en plongeant un peu plus le spectateur dans un maelström de perplexité.

Le film sort en DVD, n'hésitez pas à l'offrir à un amoureux des années 60, une passionnée du surréalisme, ou encore à des amants de Paris. Ce film est un ovni très précieux.

Regarder la bande annonce :

Par Marie Catherine Chevrier