Oslo : Nobel de la paix

Jeudi 9 décembre 2010, à la veille de la remise symbolique à Oslo du Prix Nobel de la Paix au dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo, le président du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland, a confié avoir été agréablement surpris par le soutien international en faveur du choix du Comité. Au même moment à Pékin, le régime chinois affirmait que le peuple chinois et l'écrasante majorité des gens dans le monde y étaient opposés.




'Nous ne nous attendions pas à beaucoup de soutien au niveau politique parce que de nombreux pays sont si dépendants de la Chine économiquement et politiquement', a déclaré M. Jagland sur la chaîne TV2 Nyhetskanalen.
'C'est plaisant de voir que tant de dirigeants internationaux aient réclamé aussi vigoureusement que Liu soit libéré', a-t-il ajouté.

Condamné fin décembre 2009 à 11 ans de prison pour 'subversion du pouvoir de l'Etat', Liu Xiaobo, ex-professeur de 54 ans, ne pourra venir à Oslo recevoir son prix, ni se faire représenter par des membres de sa famille qui ne peuvent quitter le territoire chinois.

En 109 ans d'histoire du Nobel de la paix, ce ne sera que la deuxième fois que la récompense ne pourra être remise au lauréat ou à un de ses représentants.
Le seul exemple comparable remonte à 1936, au temps de l'Allemagne nazie, lorsque le pacifiste Carl von Ossietzky, lauréat a posteriori du Nobel 1935, n'avait pu recevoir sa récompense.

Deux tiers des pays présents à Oslo

Jeudi à Pékin, la porte-parole du ministère des Affaires, Mme Jiang Yu, a affirmé que 'le peuple chinois et l'écrasante majorité des gens dans le monde sont opposés' au choix du comité Nobel.
'Ces gens du comité Nobel doivent admettre qu'ils sont minoritaires', a-t-elle dit.

Sur fond de pressions chinoises en faveur d'un boycott de la cérémonie, une vingtaine de pays, dont la Chine, la Russie, l'Irak, l'Iran, Cuba, la Serbie et l'Afghanistan, ont décliné l'invitation.

Les Philippines ont également annoncé jeudi qu'elles ne participeraient pas à la cérémonie de remise du Prix Nobel, a indiqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

'C'est un peu plus que d'habitude. Certains (absents) le sont pour des raisons de calendrier, d'autres ont certainement des motivations politiques ou économiques', a commenté M. Jagland.

'Trop d'Etats privilégient leurs intérêts économiques à court terme et ne comprennent pas que ce qui va se produire en Chine à long terme sera déterminant pour nous tous', a-t-il ajouté.

'Mais le plus important, c'est que deux tiers des pays qui ont une ambassade à Oslo viendront, y compris de grands pays proches de la Chine', a-t-il aussi dit.

Parmi les pays qui ont confirmé leur participation figurent les membres de l'Union européenne, les Etats-Unis mais aussi le Japon, l'Inde ou encore la Corée du Sud.


Liu Xiaobo

Le 8 octobre 2010, le comité norvégien Nobel rendait publique sa décision d'attribuer le prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo pour sa défense des droits de l'homme en Chine.
Le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a félicité le lauréat en déclarant qu'en luttant pour la démocratie et la liberté de pensée, Monsieur Liu Xiaobo méritait respect et attention.

Depuis plus de 20 ans, Liu Xiaobo est le porte-parole des droits de l'homme en Chine. En 1989, il faisait partie de la contestation qui a donné suite aux manifestations de la place Tiananmen. A l'occasion des 60 ans de la Déclaration des Droits de l'Homme de l'ONU le 10 décembre 2008, il fut à l'origine de la publication de la Charte 08, un manifeste sur les droits de l'homme en Chine. L'année suivante, Liu Xiaobo était condamné à une peine de 11 ans de prison et de 2 ans de privations de droits civiques pour « incitation à la subversion du pouvoir de l'état ».
Liu Xiaobo a toujours dénoncé ce verdict comme une violation tant de la constitution chinoise que des droits de l'homme les plus fondamentaux.

Dans son communiqué justifiant l'attribution du prix Nobel de la paix 2010, le comité Nobel norvégien soulignait qu'étant donné son développement économique, lequel doit permettre à ses millions de citoyens de sortir de la pauvreté, la Chine a maintenant une responsabilité plus importante sur la question des droits de l'homme.
Néanmoins, le comité Nobel constatait que la Chine ne respecte pas les accords internationaux qu'elle a signés dans le domaine des droits de l'homme, et que les dispositions de sa constitution sur la liberté de pensée, la liberté de la presse et le droit de rassemblement n'étaient pas respectés.

L'histoire du prix Nobel de la paix

Dans son testament, Alfred Nobel a indiqué qu'un comité de cinq personnes nommé par l'assemblée nationale norvégienne, le Storting, sera responsable de l'attribution du prix Nobel de la paix. Personne ne sait exactement pourquoi le Suédois Nobel a voulu que ce soit la Norvège qui décernât l'attribution de son prix de la paix, tandis que le prix littéraire le serait par l'académie suédoise et les prix scientifiques par différentes institutions suédoises. Il se peut que Nobel ait senti qu'étant la petite-sœ,ur de l'union norvégo-suédoise, la Norvège était mieux placée pour cette tache que la Suède. Car la Norvège n'a pas de tradition de grande puissance militaire comme la Suède, et à la fin du XIXe siècle, le Storting norvégien a également activement participé aux efforts pour résoudre des conflits internationaux de l'Union Interparlementaire. Le prix Nobel a été attribué pour la première fois en 1901.

(avec AFP)

Par Nicole Salez

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