Les pouvoirs publics ont annoncé le 28 octobre le remplacement de l'actuel certificat de capacité d'orthophoniste par deux diplômes : un master 1 et un master 2. Seul le deuxième permettrait de répondre à toutes les demandes de soins. Les orthophonistes y voient un danger pour leur profession.
Le 28 octobre, l'annonce faite par Xavier Bertrand, ministre de la Santé, et par Laurent Wauquiez, Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, de la réforme des études d'orthophonie a soulevé un tollé dans l'ensemble de la profession et des milieux étudiants.
Deux diplômes au lieu d'un
L'actuel Certificat de capacité d'orthophoniste est obtenu au bout de quatre ans d'études accessibles sur concours, dans l'un des 16 centres de formation dépendant des facultés de médecine du territoire national. Il est officiellement reconnu comme un bac + 2. Selon l'annonce du 28 octobre, il serait remplacé par deux diplômes : un Master 1 (bac + 4) et un Master 2 (bac + 5) ensuite accessible pour une partie des étudiants, qui les formerait à la prise en charge des rééducations en neurologie (accidents vasculaires cérébraux, Alzheimer, Parkinson, S.L.A...) et en ORL (laryngectomie, voix chantée, forçage vocal...).
Une réforme rejetée
L'ensemble de la profession dénonce cette proposition, et réclame le Master 2 pour tous les étudiants en orthophonie. Selon la Fédération nationale des orthophonistes, cette réforme si elle voyait le jour signifierait la création d'une profession à deux vitesses, dont la majorité des membres, moins formés et moins légitimes, ne pourrait plus répondre à toutes les demandes de soins sur l'ensemble du territoire et garantir une qualité de soins conforme aux exigences de Santé publique. Pour les syndicats étudiants, elle ne correspond pas au système européen Licence-Master-Doctorat et ne leur permet donc pas de développer leur mobilité dans l'Union européenne, ni d'accéder à la recherche encore inexistante.
... dans une profession en plein développement
La demande de soins en orthophonie va croissant, en raison notamment du vieillissement de la population (personnes souffrant de troubles de la mémoire ou du langage) et également des avancées dans différents domaines scientifiques et médicaux qui permettent des réponses plus adaptées et plus précises à un nombre croissant de troubles de la communication d'origine pathologique. La réforme annoncée n'est-elle pas davantage motivée par des considérations budgétaires que par le souci d'adapter cette profession et ces études au contexte actuel ? N'est-ce pas en filigrane la sortie d'une partie des rééducations orthophoniques du système de soins qui se dessine ?
>>> Lire aussi : Qu'est-ce qu'un orthophoniste ?
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