Pour la septième année consécutive, le ministère chargé de la Santé et l'Institut national du cancer lancent un dispositif d'information et de communication destiné à inciter les femmes de 50 à 74 ans à participer au dépistage organisé du cancer du sein. Une opération réalisée en partenariat avec l'Assurance maladie (CNAMTS), la Mutualité sociale agricole (MSA) et le Régime social des indépendants (RSI).
Le dépistage organisé du cancer du sein a été généralisé en France en 2004. Les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées tous les deux ans par les structures en charge de l'organisation des dépistages, à bénéficier de ce programme, pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie.
Le dépistage du cancer du sein a acquis, ces dernières années, une forte notoriété1. En 20102, plus de 2 360 000 femmes ont eu recours au dépistage organisé du cancer du sein, ce qui représente 52% de la population cible. Le taux de participation a progressé de façon importante jusqu'en 2008. Depuis, il semble avoir atteint un palier aux alentours de 52 % (52,3 % en 2009). Le taux enregistré en 2010 est, pour la première fois, en très légère diminution en France.
La participation au dépistage reste donc un geste « qui ne va pas de soi » pour de nombreuses femmes.
Dans le cadre des objectifs d'augmentation de la participation au dépistage fixés par le Plan cancer 2009-2013, et dans la continuité des actions menées en 2010, le nouveau dispositif d'information et de communication vise à :
- mobiliser l'entourage des femmes concernées. Les proches sont invités à encourager les femmes de 50-74 ans de leur entourage à participer au dépistage organisé du cancer du sein ,
- poursuivre le travail de conviction directement auprès des femmes de la population cible qui ne participent pas au dépistage.
Par ailleurs, des campagnes ciblées et de nombreuses actions de proximité sont mises en place. Elles sont destinées aux femmes traditionnellement moins touchées par les campagnes de santé publique, telles que les femmes en situation de vulnérabilité sociale, ou encore les femmes d'origine migrante de première génération, et à leur entourage.
Le dépistage : un moyen d'agir face au cancer du sein
Le dépistage vise à détecter, chez les personnes ne présentant pas de symptôme, des lésions susceptibles d'être cancéreuses ou d'évoluer vers un cancer afin de les traiter rapidement et précocement.
Un moyen déterminant de lutte contre le cancer du sein
Le cancer du sein est un cancer de bon pronostic avec une survie relative à 5 ans de 85%, (tous stades confondus)
*«Survie des patients atteints de cancer en France : étude des registres du réseau FRANCIM», édition Springer,2007.
. Lorsque le cancer du sein est détecté à un stade précoce, il peut être guéri dans plus de 9 cas sur 10
*«Survie des patients atteints de cancer en France : état des lieux', INCa, collection rapports et synthèses,avril2010.
, avec des traitements moins lourds et des séquelles moins importantes. D'où l'intérêt de le dépister précocement. Par ailleurs, en l'absence de possibilité d'une prévention efficace contre le cancer du sein, le dépistage est un moyen déterminant de lutte contre ce cancer.
En 2002, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a conclu, au vu des essais randomisés contrôlés de dépistage du cancer du sein réalisés dans différents pays, à l'efficacité du dépistage par mammographie, avec, selon les études, une réduction de la mortalité évaluée de 20 à 30%.
Plusieurs études
*L.Tabar et al, «Swedish Two-County Trial : Impact of mammographic screening on breast cancer mortality during three decades», Radiology : vol 260 : n°3 —, septembre 2011 , Ph. Autier et al, « Breast cancer mortality in neighbouring European countries with different levels of screening but similar access to treatment: trend analysis of WHO mortality database », British Medical Journal, vol. 343:d4411, 2011.
ont cherché depuis à évaluer l'impact des programmes de dépistage organisé du cancer du sein dans les nombreux pays où ce type de programme a été mis en place. Les études sur ce sujet sont difficiles à mener en raison de la difficulté de contrôler, dans des populations de taille importante et avec un recul suffisant, la part de chacun des multiples facteurs susceptibles d'influer sur la diminution de la mortalité par cancer du sein.
En France, il est probablement encore trop tôt pour mesurer l'impact du programme de dépistage organisé du cancer du sein sur la mortalité. Le programme de dépistage organisé représente avant tout une mesure égalitaire : permettre à de nombreuses femmes, qui n'ont aucun suivi, d'accéder à une procédure de qualité équivalente à travers tout le territoire.
La médiatisation des programmes de dépistage induit également une amélioration de la connaissance de la maladie dans la population et chez les professionnels de santé. Elle contribue, par le niveau d'alerte qu'elle entraîne, à améliorer les conditions du diagnostic et de la prise en charge, y compris chez les femmes ne pratiquant pas de dépistage. Par ailleurs, le dépistage n'a pas pour seul objectif de faire diminuer la mortalité. Il a aussi un impact sur la morbidité car il favorise une intervention plus précoce et, en conséquence, permet aux femmes de bénéficier de traitements moins lourds.
Un programme qui permet de détecter précocement les cancers
En France, le dépistage organisé du cancer du sein s'adresse aux femmes de 50 à 74 ans, sans symptôme apparent ni antécédent de cancer du sein.
Ces femmes sont invitées tous les deux ans par les structures départementales ou interdépartementales en charge de l'organisation des dépistages, à se rendre chez un radiologue agréé de leur choix, afin de faire pratiquer une mammographie (deux clichés par sein) et un examen clinique des seins. Ce dépistage est pris en charge à 100% par l'Assurance maladie, sans avance de frais.
Pour l'année 2007
*D. Lastier, E. Salines, A. Danzon. « Programme de dépistage du cancer du sein en France : résultats 2007-2008, évolutions depuis 2004 ». Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire, 2011, 12 p.
, le dépistage organisé du cancer du sein a permis la découverte de près de 14 500 cancers du sein, soit un taux de 6,7 cancers pour 1 000 femmes dépistées. La deuxième lecture a permis de dépister 8,9% de ces cancers. En 2008, plus de 14000 cancers du sein ont été détectés soit un taux de 6,3 pour 1 000 femmes dépistées
*Du fait des délais pour le recueil des informations sur les cancers diagnostiqués suite à une mammographie, les chiffres publiés pour 2008 ne sont pas exhaustifs : ce taux est donc sous-estimé.
, avec 7,7% de l'ensemble des cancers dépistés grâce à la seconde lecture.
On observe, parmi les cancers détectés, 15,2% de cancers canalaires in situ en 2007 et 14,3 % en 2008. Parmi les cancers invasifs, 36,3 % en 2007 et 36,5 % en 2008 sont de taille inférieure ou égale à 10 mm. Parmi les cancers dont le statut ganglionnaire est renseigné, 74,2 % en 2007 et 75 % en 2008 ne présentent pas d'envahissement ganglionnaire et sont donc des cancers de bon pronostic.
La mammographie dépiste, avant tout symptôme, 90 % des cancers du sein
*K.Uchida,A.Yamashita,K.Kawase,K.Kamiya,«Screen in gultrasonography revealed 15% of mammographically occult breast cancers ». Breast Cancer 2008,15(2):165-8.
. Cependant, certains petits cancers peuvent ne pas être détectés. La répétition de l'examen, tous les deux ans, améliore la capacité de détection précoce des cancers du sein.
De manière générale et quel que soit l'âge de la femme, il reste important d'être vigilant par rapport à l'apparition de certains signes :
- nodule, boule, grosseur dans le sein ,
- anomalie du galbe mammaire ,
- rétraction de la peau ou du mamelon ,
- rougeur, œ,dème ou aspect de peau d'orange ,
- écoulement mammaire ,
- ganglions palpables au niveau des aisselles.
Ces symptômes ne sont pas nécessairement révélateurs d'une tumeur, mais ils doivent conduire la femme à consulter par précaution — et sans attendre sa prochaine mammographie — son médecin traitant, ou son gynécologue, qui demandera éventuellement des examens complémentaires.
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