Lucernaire: Maupassant dans le(s) texte(s)

Au Lucernaire, le théâtre rouge présente Maupassant(es), une plongée dans l'univers de l'auteur fasciné par les femmes. A travers ses textes mis en scène, nous devenons spectateurs de sa vie. Maupassant(es) est une pièce à la fois drôle et terrible sur l'auteur marquant du 19e siècle.

Ce n'est pas l'affiche de Maupassant(es), qui donne envie de voir le spectacle, je l'admets! Mais vous auriez tort de vous arrêter à cette image de coeur passé au hachoir des sentiments et des comportements des hommes (au sens large du terme).

Sur la scène, trois comédiens et des paravents qui stylisent le décor. Ici les vedettes sont les mots et l'interprétation.

Les saynètes habilement choisies, tirées des oeuvres du prolifique auteur de nouvelles et de 6 romans, se succèdent. Une femme, deux hommes pour des triangles amoureux, pour l'amitié magnifiée ou trahie, pour l'amour tout court. Se croisent humour noir, moeurs hypocrites de l'époque, comportements des bourgeois dans une société corsetée.

La seconde partie nous rapproche de la vie de l'homme Maupassant avec les interventions vidéo d'un critique en noir et blanc et des citations de celui qui, à la fin de sa vie, devint plus misanthrope et solitaire. La folie familiale et celle due à la syphilis qui le détruit peu à peu, finira par l'emporter. Le spectacle bascule également vers le sombre.

La mise en scène sobre et inventive quelquefois malicieuse et ludique, met au premier plan la résonance des mots renvoyée à la vie tragique de Maupassant.

Les trois comédiens, complices, portent le texte. Ils donnent vie avec chaleur aux personnages. Anne Priol est mutine à souhait, piquante et expressive. Ces messieurs, Emmanuel Barrouyer et Pascal Thoreau sont justes aussi bien dans la dérision que dans le drame. Ils n'hésitent pas à donner de leur personne dans un défilé , savoureux de moustaches et en petite tenue!

Un beau spectacle simple et habilement décalé. Il dure 1h10 seulement. En sortant vous voilà cultivés et vous avez ensuite largement le temps d'aller diner et d'en discuter!

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Par Veronique Guichard