Les oeuvres de Jean Perdrizet, savant fou, exposées à Paris

« Filet thermoélectronique à fantômes”, ”Robot cosmonaute”, ”Curseur imagination” : une vingtaine de plans du savant fou Jean Perdrizet seront pour la première fois exposés du 3 février au 10 mars à la galerie Christian Berst à Paris.

Persuadé qu'il décrocherait un jour le prix Nobel, Jean Perdrizet a multiplié les oeuvres-plans et les inventions aussi improbables que poétiques mais l'histoire de la science du XXe siècle n'a pas retenu son nom. La galerie Christian Berst a réuni pour la première fois une vingtaine de ses dessins, dont les noms sont à eux seuls une invitation enchantée.

Sans titre (Un robot ouvrier qui voit les formes par coupes de vecteurs en étoile)
Depuis les “robots adam sélénites”, comme ambassadeurs cosmiques de l'humanité, aux “machines pour communiquer avec les fantômes”, en passant par « les pipes volantes » ou “l'esperanto sidéral”, pour faciliter nos échanges avec les extraterrestres, Jean Perdrizet a conçu, dès l'âge de 24 ans, des inventions merveilleuses.

Sans titre (machine à calculer),1940

Adjoint des ponts et chaussées, Perdrizet (1907—,1975), fut vite écarté de toute vie professionnelle en raison de « troubles mentaux ». Mais il n'aura eu de cesse de tenter d'éveiller les consciences en outrepassant, comme le font les grands chercheurs, les limites que leurs disciplines leur ont assignées.
Vivant seul avec sa mère —, il ne lui survivra que trois jours - il adressa inlassablement des courriers aux plus hautes instances scientifiques comme la Nasa, le CNRS ou le comité Nobel, pour les inviter à reconsidérer les limites de la physique, en donnant « les codes d'un ailleurs ». Il aura expédié deux tonnes de plans en quarante ans, sans résultat.

Sans titre (Tops moteurs Selsyns à électro-différentiel pour robot),1963

Pour autant, plusieurs scientifiques s'intéressèrent à son travail tels que José Argémi ou Jacques Paillard, et le peintre et collectionneur Adrien Dax enviait son « état de grâce »... Les constructions de Perdrizet ne lui ont pas survécu, mais ses plans et traités linguistiques ont été conservés et constituent aujourd'hui une œ,uvre majeur d'art brut, notamment exposé au LaM, à Villeneuve d'Asq.

Par Michèle Folian