Le Nom - Jon Fosse - Théâtre Berthelot

Du 8 au 13 février, le théâtre Berthelot propose la création de la pièce de l'auteur norvégien Jon Fosse, 'Le nom'. Jon Fosse donne ici une dimension presque magique à ce pouvoir de nommer qui devient pouvoir de création. Son écriture virtuose oscille en permanence entre prosaïsme et lyrisme pour porter nos interrogations sur les grandes énigmes de la vie, avec humour et tendresse.

Une jeune fille, accompagnée de son ami, revient chez ses parents qu'elle n'a pas vus depuis plusieurs années. Elle est sur le point d'accoucher. Se pose alors la question du nom à donner à leur enfant...

Cette pièce est une « tragi-comédie », comme le dit l'auteur lui-même. Elle se situe dans l'humain et le quotidien, dans la vie, avec toute sa banalité et sa trivialité parfois, et nous conduit entre rires et larmes, dans les méandres des relations familiales, dans cette part d'invisible et d'indicible qui se cache et se joue derrière et entre les mots.

On y reconnaît des dissensions plus ou moins manifestes entre parents et enfants, un manque de compréhension, et nous y sommes confrontés à la difficulté de la complicité à établir au quotidien dans le cercle familial ou entre conjoints. Mais les conflits sont davantage sous-entendus que vraiment ouverts, ils traversent des labyrinthes de silences et de non-dits parfaitement orchestrés et c'est ce qui créé la véritable tension dramatique.

Plus intensément encore que dans ses autres écrits à cause de la situation de maternité, Jon Fosse interroge ici la frontière ténue entre vie et mort : au travers de leurs présences à la fois très ancrées dans le concret du quotidien mais aussi, mystérieusement, de plus en plus fantomatiques à mesure qu'ils s'éloignent de l'enfance, les protagonistes nous interpellent à l'endroit de cet équilibre fragile entre présence et absence à soi-même et au monde.

La question du pouvoir de nommer, également récurrente dans l'œ,uvre de Jon Fosse, est très présente dans cette pièce au titre révélateur. Le garçon s'en empare dans un moment de pure inspiration lyrique et presque divine à travers une envolée verbale étonnante sur le nom à donner à l'enfant qui n'est pas encore né.

Par Nicole Salez