Le Larzac, en apparence désertique, est en réalité riche d'un patrimoine très diversifié. Faune, flore, commanderies des Templiers, festivals, il y en a pour tous les goûts.
Le Larzac est le plus grand et le plus méridional de tous les causses. Il a un caillou dans l'Hérault et des éboulis en Aveyron. Il surplombe majestueusement la plaine de l'Hérault. La garrigue au nord de Montpellier se déroule à ses pieds. A priori, ce grand plateau d'une superficie de 100 000 hectares semble désertique. Depuis l'époque gallo-romaine, il a subi des vicissitudes qui l'ont façonné. Les Templiers, en fins stratèges et politiques, ont bien compris que ce lieu qui semblait inexpugnable pouvait rendre bien des services. Ils installent la première commanderie en 1152 à Sainte-Eulalie du Larzac, aujourd'hui, Sainte-Eulalie du Cernon. Ils se maintiennent jusqu'en 1307, année de leur arrestation sur ordre de Philippe le Bel. En 1313, les biens des Templiers sont remis aux Hospitaliers, ordre lui aussi de moines soldats.
Ce plateau calcaire a été dessiné, creusé, raviné par l'eau qui ne se fixe pas à la surface de la terre mais s'engouffre loin sous elle. D'où l'aridité chronique du causse. Les rivières qui jaillissent de ses flancs ont façonné ses contours. La Dourbie, la plus connue, la Sorgue, le Cernon, le Dourdou, l'Orb, au nord et à l'ouest, et la Vis à l'est ont creusé des falaises et des gorges impressionnantes.
Le climat y est rude. L'été et l'hiver, le climat continental prédomine. L'été, la chaleur est forte le jour, mais la nuit est fraîche. Les couleurs sont nettes. Point de camaïeu. Le ciel est d'un bleu électrique, l'herbe rase, brûlée par le soleil, est jaune d'or, le buis, qui est la plante d'abondance du plateau, vert quasiment noir. Le chêne rabougri donne une note vert-de-gris. Et le sol laisse affleurer des éboulis, des rochers, des cirques de pierre. Il est illusoire de concevoir le Larzac comme un plateau qui s'étendrait à perte de vue. Il faut imaginer un terrain accidenté, perché comme une forteresse quasiment imprenable. Au sud, un passage incontournable, car unique, le Pas de l'Escalette. La route étroite, en épingles à cheveux, à flan de falaise, a laissé la place à une belle autoroute, spacieuse, qui passe par un tunnel sous le fameux pas. L'origine du mot Escalette ferait référence aux échelles de corde qui permettaient aux gens d'arriver sur le plateau. A vol d'oiseau, la Méditerranée est toute proche, mais un monde sépare ceux de la plaine et ceux du causse. Quelque soit l'endroit par lequel on accède sur le plateau, on est confronté à cet escarpement. Pourtant le Larzac n'est pas très haut, son altitude moyenne est de 750 mètres. La descente vers l'est, par le cirque de Navacelle ou encore par le col du Vent, au sud-est, d'où l'on a une vue magnifique sur la plaine de l'Héraut et la mer en arrière-plan, requièrent des talents de chauffeur. Mais le jeu en vaut la chandelle.
Les Templiers
Les Templiers ont modelé le causse. Ils ont développé l'élevage des brebis. Les dons ont afflué vers la commanderie et, sans coup férir, ils se sont retrouvés à la tête d'un immense domaine qui s'étendait sur tout le plateau. Dans la deuxième moitié du XIIe siècle, ils décident de la construction d'un château et d'une église fortifiée, c'est La Couvertoirade. Les Hospitaliers, en 1439, édifieront les remparts, quasiment intacts aujourd'hui. Cette deuxième moitié du XIIe siècle voit l'expansion des Templiers sur tout le causse : l'Hospitalet du Larzac et La Cavalerie, mais aussi celle des Hospitaliers qui se sont eux aussi installés sur le plateau : la Bastide-Pradines, Saint-Félix de Sorgues. De nombreuses fermes fortifiées, liées à l'un ou l'autre ordre, témoignent de la richesse du Larzac à cette époque-là. La griffe des Templiers et des Hospitaliers est tellement bien plantée dans le paysage qu'on leur attribue des lieux qui n'ont rien à voir avec eux. Saint-Jean d'Alcas a longtemps été présenté comme une commanderie, et il n'en est rien. A l'origine, un couvent de cisterciennes, établi au XIIe siècle, dont la prospérité attise les cupidités , les attaques et razzias incessantes les amènent à construire autour de leur lieu de culte une petite place forte afin de protéger les paysans alentour qui viennent se réfugier à la moindre alerte.
Ces commanderies et les places qui y sont assimilées sont construites autour d'églises souvent intégrées dans un premier rempart. Les remparts de Sainte-Eulalie sont un modèle du genre. Au sein de ces remparts, les maisons, en pierres sèches, conservent une architecture caussenarde, avec un rez-de-chaussée légèrement enterré et voûté qui servait de bergerie. L'habitation était au premier. On y accède par un escalier de pierres souvent à double révolution, et extérieur.
Il y a encore 40 ans, on pouvait voir la transhumance des troupeaux de brebis sur le plateau, les bergeries étant encore en activité. Aujourd'hui, grâce à une restauration et une mise en valeur intelligentes, toutes ces commanderies ont entamé une nouvelle vie. A la Couvertoirade, les bergeries ont laissé la place à des échoppes d'artisans potiers, ébénistes, peintres. A la Couvertoirade et à Sainte-Eulalie de Cernon, un effort muséographique et didactique a été fait. A Sainte-Eulalie, de manière à exciter la curiosité des enfants et à les intéresser aux vieilles pierres, un jeu de piste et de signes est organisé à leur usage. A la Couvertoirade, c'est un diaporama qui raconte en détail l'installation des Templiers, leur chute et l'arrivée des Hospitaliers. Les moines avaient aussi inventé un système complexe pour récupérer l'eau de pluie, avant qu'elle ne ruisselle et enrichisse la nappe phréatique. Ainsi les petites places fortes n'étaient jamais, ou rarement, à cours d'eau.
Après un assoupissement de plusieurs siècles, le Larzac s'est réveillé par le plus grand des hasards. Un camp militaire apportait quelques subsides aux communes bien situées. Quant aux autres, elles se mourraient doucement. Et puis, on a voulu agrandir le camp. C'était dans les années 70. Ce fut une levée de bouclier, sur place, bien sûr, mais dans toute la France. Millau, l'espace de deux ou trois étés, est devenu le centre de la contestation en France. Des marches sous le cagnard du midi, des concerts dans l'air glacial de la nuit se succédaient. Et puis en 1981, le projet a été abandonné. Mais le causse avait repris vie. Des néo-ruraux, tombés amoureux du cadre, sont venus renforcer les « larzaciens » de souche. C'était le lieu idéal pour faire rimer utopie et réalité. Encore aujourd'hui, les marchés de pays fleurissent. Le marché de Montredon, fief de José Bové, est consacré à l'agriculture raisonnée. Et puis, patratac, une guerre économique fait rage entre les Américains qui veulent fourguer des veaux aux hormones à l'Europe qui n'en veut pas. Les Etats-Unis décident de taxer certains produits, dont le roquefort, l'or bleu de la région, à 100 %. Dans ce contexte tendu, Mac Do a la mauvaise idée de construire un restaurant à Millau. Le 12 août 1999, José Bové et ses amis de la Confédération paysanne démontent le Mac Do. Arrestations, prison, caution exorbitante. Une fois de plus, la région est vent debout, soutenue par une mobilisation de la France entière. Le Larzac est à nouveau à la Une de nos quotidiens.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, le 17 décembre 2004, est inauguré le viaduc de Millau, merveille de technologie et d'élégance. Il permet de franchir la vallée du Tarn, en passant d'un causse à l'autre. Toute l'Europe se précipite pour l'admirer.
Des efforts d'imagination sont faits pour donner vie à cette région. Circuit gastronomique, tourisme industriel, festivals, spectacles historiques, exhibitions de vautours, il y en a pour tous les goûts. Chambres d'hôtes, gîtes ruraux, hôtels de charme, camping au bord de rivières fraîches et préservées de la pollution, l'éventail des possibilités d'hébergement est large et il y en a pour toutes les bourses. Les spécialités culinaires ne manquent pas à commencer par le célèbre fromage de Roquefort, la saucisse, les jambons, saucissons, l'agneau. Le séjour peut devenir gastronomique de ferme-auberge en restaurant.
En conclusion, le Larzac est un régal pour les yeux, les papilles, l'intelligence et la culture. A chacun ses vacances.
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