Le Grand Trianon, palais de femmes par excellence, accueille la très belle exposition 'Les dames de Trianon'
jusqu'au 14 octobre 2012. Retour sur l'histoire de ce magnifique palais à l'italienne d'un seul étage édifié par Jules Hardouin-Mansart et situé au cœ,ur des splendides jardins de Le Nôtre.
Le Grand Trianon a été élevé par Jules Hardouin Mansart en 1687 sur l'emplacement du « Trianon de Porcelaine », que Louis XIV avait fait construire en 1670 pour y fuir les fastes de la Cour et y abriter ses amours avec Mme de Montespan. Le Grand Trianon est sans doute l'ensemble de bâtiments le plus raffiné de tout le domaine de Versailles.
Occupé par Louis XIV, qui y logera sa belle-sœ,ur, la princesse Palatine, son gendre, le duc de Chartres, sa fille, la duchesse de Bourbon, le Grand Trianon est aimé de Marie Leszczinska qui y réside à la belle saison. Marie-Antoinette y donne, quant à elle, quelques représentations, préférant la demeure du Petit Trianon que lui avait offerte Louis XVI. Napoléon Bonaparte, après en avoir ordonné la restauration, y fait de nombreux séjours avec son épouse l'Impératrice Marie-Louise. Le Général de Gaulle prendra, en 1963, l'initiative de remettre en état les lieux pour y accueillir les hôtes de la République et y organiser dans l'Aile nord dite de « Trianon-sous-bois », une résidence du Président de la République.
Le mobilier originel de Trianon ayant été dispersé à la Révolution, l'aménagement actuel est, à quelques exceptions près, celui du Premier Empire. Napoléon remeuble entièrement Trianon et y vient quelquefois avec Marie-Louise.
Une oeuvre de Jules Hardouin-Mansart
Le Grand Trianon est, dès l'origine, un château de campagne très luxueux, destiné au plaisir et à la détente des souverains français qui y accueillent les dames, fleurs parmi les fleurs du jardin. Malgré le style Empire du mobilier, toujours visible aujourd'hui, Napoléon n'a pas trahi le goût royal de l'Ancien Régime. Ce bâtiment a conservé de façon très nette son décor architectural du début du XVIIIe siècle. Il constitue une expression parfaite du goût dit « classique » de la seconde partie du règne de Louis XIV.
En 1670, Louis XIV ordonne à l'architecte Louis Le Vau la construction d'un château en l'honneur de sa maîtresse la marquise de Montespan. Édifié au bout du bras nord du Grand Canal récemment creusé, il est
situé à l'emplacement de l'ancien village de Trianon acheté et rasé par le souverain deux ans plus tôt.
Ce petit château, destiné à prendre des collations durant l'été et à recevoir les dames de la cour, est le château privé du roi, qui y effectue quelques séjours. De style baroque, couvert de faïences bleues et blanches ce petit palais est aussitôt appelé « Trianon de porcelaine » . Ses jardins de senteurs en constituent le principal ornement, d'où l'autre nom qu'on lui donne également : « le palais de Flore » .
Dès 1687, le bâtiment est rasé, aussitôt remplacé par celui visible aujourd'hui, édifié par Jules Hardouin-Mansart. Plus ambitieux, ce palais à l'italienne d'un seul étage s'étend en une succession d'ailes au cœ,ur des jardins replantés par Le Nôtre. Les différents corps de bâtiment sont reliés par un péristyle, joignant cour et jardins, permettant ainsi d'inscrire le château dans la nature, ce qui est l'idée principale de ce lieu. Dès l'origine, les boiseries, sont d'ailleurs peintes en blanc, afin de donner le maximum de clarté aux espaces.
Essentiellement occupé durant l'été, et bien que disputant la faveur royale à Marly , Trianon accueille quelques grandes personnalités du règne de Louis XIV, comme la
marquise de Maintenon qui logeait près du roi, ou encore la princesse Palatine.
Louis XV ne s'installe que tardivement au Grand Trianon (en 1749). L'architecte Gabriel y procède alors à quelques aménagements et conçoit notamment des petits appartements, dans le goût du temps, ornés de simples boiseries de style rocaille et de nouveaux meubles... À la fin du règne, le Grand Trianon est déserté par le Roi au profit du Petit Trianon . Le palais devient alors essentiellement un lieu de résidence pour les hôtes de l'État.
La révolution française laisse peu de traces sur les décors du Grand Trianon, bien que tout le mobilier soit vendu, comme dans l'ensemble de Versailles.
En 1805, Napoléon reprend possession du palais , mais n'y loge que lorsqu'il chasse sur le domaine de Trianon. Après son divorce avec Joséphine en 1809, qui lui fait perdre sa résidence de Malmaison , il s'y installe définitivement. En 1810, la nouvelle Impératrice Marie-Louise vient y résider. Pour l'occasion tout est remeublé de neuf. C'est à ce moment-là que le tsar Alexandre offre à l'Empereur les fameuses malachites de Sibérie, montées par Jacob-Desmalter sur des meubles et des bronzes d'exception. Le Grand Trianon retrouve alors, pendant quelques temps, son faste d'Ancien Régime. De grandes fêtes sont données dans le domaine réuni des deux Trianon, désormais séparés de Versailles.
Trianon est une nouvelle fois déserté sous la restauration. La monarchie bûche les emblèmes impériaux, comme la Révolution avait bûché les emblèmes royaux. Sous Louis XVIII, seules quelques festivités ont eu lieu en 1816 à l'occasion du mariage du duc de Berry. En revanche, Charles X souhaite se réinstaller dans le palais et fait livrer quelques services de porcelaine.
Il faut attendre le règne de Louis-Philippe pour que le palais soit occupé une dernière fois, puisque le souverain y loge afin de surveiller les travaux du nouveau musée d'histoire de France installé à Versailles.
Quelques transformations sont entreprises, particulièrement pour ce qui est de l'appartement privé du roi des Français, mais le mobilier Empire est en grande partie conservé.
Le Grand Trianon, quelque peu modifié par les années, devient lentement un musée. Au début du XXe siècle, la conservation du château de Versailles, prend conscience de cet état désastreux, et entreprend restaurations et restitutions. En 1910, le péristyle, fermé des deux côtés depuis Napoléon, est ré-ouvert. En 1913, on replace dans la galerie les tableaux de Cotelle qui avaient été enlevés depuis l'Empire.
Dans les années 1960, des conservateurs spécialistes de l'Empire s'attellent à une grande campagne systématique de restauration allant de l'architecture et des boiseries aux meubles, objets d'art et peintures.
En 1966, le général De Gaulle inaugure le palais pour les besoins de la présidence de la République qui en fait un lieu d'accueil pour les chefs d'État étrangers (Shah d'Iran, Reine d'Angleterre), logés dans des chambres de prestige spécialement aménagées dans l'ancien appartement de Louis-Philippe.
- Exposition 'Les dames de Trianon'
- Du 3 juillet au 14 octobre 2012
- Château de Versailles Grand Trianon
- Horaires d'ouverture : tous les jours, sauf le lundi, de 12h à 18h30 (dernière admission à 18h).
- Tarifs :
Située dans le Grand Trianon, l'exposition est accessible avec un billet Passeport ou un billet Châteaux de Trianon et Domaine de Marie-Antoinette.
Ces billets sont tous deux disponibles sur la billetterie en ligne. Sur place, le Passeport peut être acheté à tous les guichets , le billet Châteaux de Trianon et Domaine de Marie-Antoinette ne peut être acheté qu'aux châteaux de Trianon.
- Accès :
L'accès au Grand Trianon peut être effectué soit depuis le château de Versailles, soit directement.
Depuis le château de Versailles, accédez au Grand Trianon en passant par les jardins et le parc : prévoyez environ 20 minutes de marche ou utilisez le petit train (au départ de la Terrasse nord , 6,90 € en tarif plein, 5,30 € en tarif réduit) ou louez un véhicule électrique (30 € l'heure).
Pour un accès direct, empruntez la grille de la Reine ou la grille Saint Antoine. Certaines lignes de bus de la ville de Versailles desservent ces grilles (www.phebus.tm.fr / horaires / trajet).
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Lire également :
- 'Les dames de Trianon' s'invitent à Versailles
- Portraits de quelques 'Dames de Trianon'
- 'Les Dames de Trianon' : Catalogue de l'exposition
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