Lars Tunbjörk : Exposition Photos

Jusqu'au 25 janvier 2009 à la Galerie VU', et au Centre culturel suédois

Dans le cadre du Mois de la Photo 2008, le Centre culturel suédois et la Galerie VU' s'associent pour proposer deux expositions 'Vinter' et 'I love borås' autour d'un seul et même photographe : le Suédois Lars Tunbjörk. Photographie artistique ou documentaire ? Lars Tunbjörk nous interpelle sur le sujet en nous invitant à découvrir une 'drôle' de Suéde.

[]



'Vinter', à la Galerie Galerie VU'

'Lars Tunbjörk fait partie de ces photographes qui balaient les clivages dans lesquels la photographie semble s'enferrer aujourd'hui. Photographie artistique ou documentaire ? Comme si l'art ne piochait pas dans le réel pour en faire cette fiction qui nourrit nos questionnements.

Avec Landet Utom Sig, son premier travail, Lars Tunbjörk nous faisait découvrir une ' drôle ' de Suéde ou chacun semble, a n'en plus finir, savourer les plaisirs de la consommation et du loisir et ou pointent l'absurde mais aussi, au-dela du rire, un sentiment de vide et de compassion envers un monde qui semble partir en vrille.



Nous découvrons également un auteur qui fait de la couleur un élément intrinseque de sa photographie, inséparable de son propos. Apres avoir observé l'univers des bureaux et des lotissements pavillonnaires - vases clos ou chacun semble se démener pour exister au mieux -, Lars Tunbjörk parcourt la Suede pendant trois longues années. Avec Vinter, il nous embarque dans une frénésie d'images qui rompent radicalement avec un imaginaire nourri de clichés de paysages de neige immaculée, d'intérieurs ' cosy ' et propres, de gens qu'on imaginait rompus a cet exercice annuel de saison noire et longue, enferrés dans une attente passive et tranquille.

Or, le périple est chaotique, alternant intérieurs-extérieurs, ne nous donnant pas la possibilité de nous arreter dans la contemplation rassurante d'une ' belle ' image. La neige est sale et se transforme en eaux qui semblent engloutir les immeubles et leurs habitants. L'incontournable ' bonhomme de neige ', maronnasse plutôt que blanc, sourit de notre naive déconvenue devant une réalité qui éclate, crue, (cruelle ?) et néanmoins acceptable. Puisque telle elle est. Telle elle est devenue.

Lars Tunbjörk nous force a entrer dans la vie quotidienne faite de menus détails, qui sont autant de révélations de nous-memes. Quand les gens dansent, chez eux ou dans les bars, ils semblent s'accrocher l'un a l'autre de peur de se perdre. Ils nous apparaissent dans une banalité assénée, tracée au cordeau, a la corde (pour se pendre) et qui dit la fragilité de l'homme a vouloir échapper a tout ce qui le force a vivre alors que justement vivre semble une vanité dont on connaît le leurre.

L'acuité du regard de Lars Tunbjörk vient de la conscience qu'il a de notre monde. Acuité teintée de cet humour qui ne peut venir que d'un profond amour envers ceux que nous sommes et devenons. Ce n'était pas forcément mieux ' avant ', mais de tout temps, sans doute, le monde a foutu le camp.

Gilou Le Gruiec, Directrice de la Galerie VU'



I love Borås ! (1989-1996), au Centre culturel suédois

*Manifestation organisée dans le cadre de la Saison culturelle européenne en France. (1er juillet-31 décembre 2008)


Lars Tunbjörk nous fait partager, sans juger, sa vision du développement de notre société obsédée par la consommation. La série I love Borås ! inspirée par sa ville natale décrit une Suède des années 1990 en pleine mutation. Son art photographique, facilement reconnaissable, se distingue notamment par son sens des couleurs, son humour et sa capacité à capter des mises en scène instantanées issues du quotidien, sans jamais tomber dans l'anecdotique. Lars Tunbjörk fait ressortir les incohérences du monde et montre que, sous ses apparences d'organisation léchée, notre univers est bien inquiétant.



Marie Lundquist, poète et critique photo, définit l'oeuvre de Lars Tunbjörk comme une photographie démocratique. 'Tout doit être montré, rien n'y échappe. Même le papier gras par terre, devant les plantes vertes en promotion, ne peut disparaître dans l'ombre. Dans l'image, tout doit être représenté avec la même netteté que les motifs plus porteurs de sens. Il donne au laid, au clinquant, au banal la même importance qu'à ce qui est sélectif, sobre et exclusif - voire plus.'






Lars Tunbjörk

Le photographe Suédois Lars Tunbjörk est né en 1956 à Borås. Il Vit à Stockholm. Adolescent, Lars Tunbjörk découvre, dans les années 1970, les photos du livre Poste restante de son compatriote Christer Strömholm. Il rêve de devenir photographe et décroche un stage au journal local Borås Tidning avant de s'y faire engager. Suivent quelques années d'expériences en province puis à Stockholm. Le travail qu'il débute en 1982 pour le quotidien Stockholms-Tidningen influence fortement, en peu de temps, le photojournalisme de son pays.

Il devient photographe indépendant à partir de 1984. Son style photographique devient vite une référence, d'abord en Suède - puis à l'étranger dès la publication en 1993 du livre Landet utom sig/The Country beside itself. Lars Tunbjörk travaille aujourd'hui sur des projets personnels ainsi que pour de grands titres de la presse internationale tels que The New York Time Magazine, Le Monde 2, Libération, Dagens Nyheter. Lars Tunbjörk est représenté par l'Agence VU' et la Galerie VU' à Paris.






Publications

- I love Borås !, Steidl, 2006, 168 pages et 175 planches couleurs, 75 €.
- Vinter, Steidl, 2007, 195 pages et 135 planches couleurs, 40 €.


- Lars Tunbjörk
- Expositions 'Vinter', du 12 novembre 2008 au 25 janvier 2009 et 'I love borås !', du 9 novembre au 25 janvier 2009

- Galerie Galerie VU'
- 2, rue Jules Cousin,
75004 Paris
- T. 33 1 53 01 85 81
- Horaires
Mercredi-Samedi. 14h-19h
- Accès: Mo
Bastille ou Sully Morland
- http://www.galerie-vu.com

- Centre culturel suédois
- 11, rue Payenne, 75003 Paris / Tel. + 33 1 44 78 80 20
- Les expositions sont ouvertes tous les jours sauf lundi de 12h à 18h.
Nocturne le mardi.
- Accés:
Mo : Saint Paul (ligne 1) ou Chemin Vert (ligne 8)/
Bus : lignes 69, 76 et 96



Par Nicole Salez

Portrait de admin

Ajouter un commentaire