Voilà une bonne nouvelle ! L'homme idéal existe, Sophie Perrier l'a rencontré ! Dans l'ouvrage qu'elle vient de publier 'L'anti Macho', ed.Payot, cette ancienne journaliste présente ces hommes qui ont tout pour plaire. Elle en parle même au pluriel, car ils ne sont pas rares... aux Pays-Bas ! Entretien.
A quelques jours de la Journée internationale de la femme, vous publiez chez Payot 'l'anti-macho'. Nous connaissons toutes (tous) des machos. Qu'est-ce qu'un anti-macho ?
Sophie Perrier :Un anti-macho, c'est quelqu'un qui ne pense pas être supérieur à qui que ce soit, ni sa femme, ni les femmes en général. Il ne croit pas qu'il domine autrui du seul fait qu'il est un homme. Il a beaucoup de respect pour sa femme, sa compagne, la traite d'égal à égal, et peut tout négocier à la maison : qui fera le bricolage ? Qui nettoiera les toilettes ? Qui va travailler à temps partiel ? Pendant combien de temps ? Il est ouvert à la discussion et tourné vers le compromis, car son ego et sa virilité ne sont pas systématiquement sur le devant de la scène.
Décrivez-vous un homme idéal et donc utopique ? Ou en avez-vous réellement rencontré ?
Je décris celui qui m'est apparu comme l'anti-macho par excellence, à savoir l'homme hollandais. J'ai habité dix ans aux Pays-Bas où j'ai eu une relation avec un Néerlandais, et l'expérience était tellement unique que j'ai voulu vérifier s'il s'agissait d'une exception. J'ai interrogé 40 femmes étrangères qui vivaient avec des Néerlandais et qui ont confirmé ce constat. Depuis, je suis rentrée en France et je me suis aperçue qu'ici aussi, il y avait des anti-machos. Mais il me semble qu'ils sont moins nombreux, et que, souvent les modèles sont moins aboutis ! Les Néerlandais ont une longueur d'avance, comme dans beaucoup de domaines d'ailleurs. Ils ont été les premiers par exemple, à adopter le mariage homosexuel il y a plus de 10 ans.
Cet homme qui développe sa part féminine - comme le disent les psy - trouve-t-il son équilibre dans le couple ?
Sophie Perrier :Je pense que contrairement aux idées reçues, les hommes n'ont pas tout à perdre en renonçant à leur domination. Exemple : ils ne sont plus obligés de jouer les mâles protecteurs, de changer par définition les ampoules à la maison, de devoir prendre la responsabilité et les décisions. Beaucoup d'hommes jouent ce rôle parce qu'ils s'y sentent obligés, parce que c'est la règle sociale, mais au fond d'eux-mêmes, ils n'en ont pas forcément envie ou trouvent que cela n'est plus en adéquation avec la réalité. Un modèle où le rôle de l'homme et de la femme sont moins figés d'avance, laisse la possibilité à chacun d'exprimer son individualité et ses désirs personnels.
Et les femmes dans tout cela, qu'en pensent-elles ? Ont-elles rencontré le summum du bonheur ?
Sophie Perrier :Oui pour la plupart : notamment celles qui avaient connu auparavant des hommes très jaloux, dominants, ou qui les considéraient comme un objet, voire une esclave ! (c'est le cas dans bien des pays hélas). Elles vivent leur relation avec l'anti-macho comme une révélation, un havre de paix et de confiance, qui leur ouvre beaucoup d'opportunités. Elles sont considérées comme une personne, avec les mêmes droits que les hommes, par exemple celui de travailler à temps plein et de répartir équitablement les carrières et les tâches ménagères. Bien sûr, les hommes comme les femmes ne sont pas des saints, et il y aura toujours des conflits d'intérêts. Mais l'anti-macho est prêt à discuter de tout et se vexe moins facilement. Ce qui compte, c'est de trouver une issue, quitte à faire des compromis. Il y a par contre, des femmes qui n'arrivent pas à se faire à cet homme très égalitaire. Car l'égalité signifie aussi que leur féminité sera moins valorisée, car l'anti-macho les traite avant tout comme un être humain. Les flatteries, galanteries, ce qui faisait qu'elles ressentaient elles aussi leur pouvoir par leur féminité, leur manque !
Née en 1968, Sophie Perrier a été correspondante aux Pays-Bas pendant dix ans pour Libération, La Croix, RFI, BFM, France Inter, RTBF, RSR, Radio Canada... Elle travaille aujourd'hui à Paris dans le secteur de la communication.
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