Une exposition originale et exceptionnelle sur le thème de la pluie se tiendra au Musée du Quai Branly du 6 mars au 13 mai 2012. Elle présentera près d'une centaine de pièces de tous usages —, utilitaires, esthétiques, profanes ou religieux - provenant d'Afrique, Asie, Océanie et Amérique.
La pluie que l'on espère ou redoute, pour la recevoir ou s'en protéger : tel est le thème, commun à toutes les civilisations à travers les âges, que le musée du Quai Branly a retenu comme fil conducteur de sa nouvelle exposition.
L'idée avait germé il y a quelques années dans la tête de l'ethnologue Françoise Cousin, alors responsable de l'unité patrimoniale des collections textiles au musée du Quai Branly. Aujourd'hui à la retraite mais toujours aussi passionnée par son métier, elle a provisoirement repris le collier pour mener personnellement à bien ce projet.
« Je n'ai pas cherché à faire une monographie sur la pluie mais plutôt une exposition impressionniste et poétique », précise-t-elle.
L'exposition balayera l'ensemble des multiples représentations de la pluie : réalistes, figuratives ou abstraites, dans une traduction symbolique ou métaphorique. Elle donnera également lieu à des analogies musicales ou, plus largement, sonores.
Les sonnailles corporelles, par exemple, permettaient de reconstituer le son de la pluie tombant dans une flaque d'eau.
La première partie sera consacrée à la protection contre la pluie, explique Françoise Cousin, avec l'exposition de manteaux et vêtements de pluie. La plus vieille pièce, datant du XIXe siècle est une cape de Nouvelle-Zélande dont on ne pourra malheureusement voir l'envers —, d'une incroyable richesse - car sa manipulation est fragile.
La deuxième partie sera dédiée aux rituels qui entourent la pluie : la faire venir, partir. Elle est associée à la fertilité des sols mais aussi à la fécondité des femmes. Quatre ensembles principaux seront présentés dans cette section dont un ensemble de statuettes et poupées rituelles.
La poupée ci-dessus était appelée 'la fiancée de la pluie'. Le pilon symbolise la pluie pénétrante. Les louches, cuilleron tourné vers le ciel, implorent la venue d'une eau précieuse. Parée des bijoux des femmes fécondes, 'tarenja' est promenée à la tête d'un cortège de jeunes filles au moment où la pluie est souhaitée , de maison en maison, on asperge 'tarenja' d'eau et l'on donne quelques présents en nature qui seront partagés par les jeunes filles au cours d'une agape nocturne. Rite de pluie commun au Maroc et à une grande partie du Sud Algérien. En berbère la pluie est 'ageffur' et 'tarenja' est la cuillère.
La statuette ci-dessus est fabriquée et utilisée pendant les fêtes d'Akhatiz qui marquent le début de l'année agricole en avril. 'Fiancée de feuille', elle représente la fiancée lors d'un simulacre de fête de mariage, un village offre une des figurines, un autre village l'autre. Au moment où les fleuves commencent à subir les crues de la mousson, les figurines doivent être jetées dans le fleuve le plus proche, au cours d'un second rite, que l'on appelle 'panladiyanelawan' : 'jeter les fiancés'.
Outre les statuettes et poupées, seront présentés des instruments de musique accompagnés d'une diffusion sonore de musique rituelle, des objets témoins des spectacles visant à faire venir la pluie (pratiqués en Afrique de l'ouest) et d'autres rapportés au début du XXe siècle de Nouvelle Calédonie.
Jeté dans l'eau des mares selon un rite déterminé, le paquet ci-dessus est réputé créer la pluie.
La troisième partie sera consacrée aux symboles et métaphores de la pluie : bestiaires d'animaux (soit sacrifiés pour faire venir la pluie, soit représentatifs comme les batraciens, les reptiles ou... les dragons), les minéraux et les divinités de la pluie.
En conclusion de l'exposition seront présentés une accumulation de cerfs-volants népalais destinés à faire partir la pluie.
Installée sur quelque 300 m2, cette exposition sera complétée par des ateliers dédiés aux enfants. D'ici un an, elle devrait s'exporter en Espagne.
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