Jusqu'au 16 janvier 2013 à la Galerie Les filles du calvaire
L' exposition ' La cinquième île', vient achever le cycle Summer Crossing consacré à Laura Henno depuis trois ans. Les travaux de l'artiste ont été présentés dans neuf expositions et synthétisés dans la première monographie, avec des textes d'Yves Brochard et Raphaëlle Stopin parue aux éditions Filigranes en 2011.
Les images scénarisées de Laura Henno invitent à une échappée temporelle, le décor n'est là que pour mieux hanter la figure placée dans celui-ci. La tension filmique qui imprègne ses photographies, comme dans sa désormais célèbre image Freezing, se retrouve ainsi à jamais piégée dans la photographie et la réalité du modèle se dilue dans une incarnation sublimée.
Il n'y a pas lieu de comparer le travail de Laura Henno à d'autres photographes car son art se situe plutôt entre la peinture et le cinéma. De ces premiers portraits qui ont bénéficié de l'influence de Vermeer et de la tradition picturale de l'Ecole du Nord, on gardera à l'esprit une douceur élégante discrètement rompue par le sujet lui—,même, sa quotidienneté, et la tension dramatique que l'artiste impose au moment de la prise de vue à ces figures adolescentes.
La fragilité est sans doute une des quêtes les plus perceptibles de cette photographe, tout un chacun la ressentira dans ces images de jeunes finlandais comme dans ces portraits de garçons et de jeunes hommes dont elle capture sensuellement l'indicible beauté. Pourtant, il a fallu à Laura Henno se faire un peu violence pour rompre avec ce charme qui aurait pu l'ensorceler elle-même. D'autres lumières, d'autres décors, d'autres contrées lui furent nécessaires pour s'éloigner quelque peu de ce romantisme du Nord.
Après la Finlande, elle a rejoint Rome d'où elle a rapporté quelques images nimbées d'une lumière différente et dans lesquelles l'importance accordée aux volumes des corps s'accentue, tendant de plus en plus vers un surprenant hiératisme sculptural. Le rapport entre la figure et le paysage persiste, tandis que les thématiques évoluent au travers des personnages incarnant désormais l'errance et la nature devenant espace de repli.
A la Réunion son travail va véritablement se transformé au contact de groupes de jeunes immigrés en provenance de Mayotte et des îles des Comores. La série se scénarise en plusieurs grandes compositions dont certains évoquent les premiers tableaux sociaux politiques de Delacroix et de Géricault. On y retrouve le grand style du romantisme social de la Liberté guidant le peuple et du Radeau de la méduse avec la même volonté de dépeindre d'humbles personnages et d'en souligner l'héroïsme quotidien.
A voir jusqu'au 16 janvier 2013, à la Galerie Les filles du Calvaire, 17, rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris. Du mardi au samedi de 11h à 18h30. Tél. : 01 42 74 47 05 & www.fillesducalvaire.com
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