Mise en scène Thomas Ostermeier - Du 2 au 11 avril 2009
Thomas Ostermeier et la troupe berlinoise de la prestigieuse Schaubühne am Lehniner Platz présentent leur nouvelle adaptation de 'John Gabriel Borkman', la pièce du poète et auteur dramatique norvégien Henrik Ibsen, à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, à Paris.
Après le succès des mises en scène de Hedda Gabler et Une maison de poupée, Thomas Ostermeier et la troupe berlinoise de la prestigieuse Schaubühne am Lehniner Platz présentent leur nouvelle adaptation de 'John Gabriel Borkman', la pièce de Henrik Ibsen à l'Odéon-Théatre de l'Europe, à Paris.
La pièce: John Gabriel Borkman
Depuis que le banquier John Gabriel Borkman a été libéré de prison, il n'a plus quitté sa chambre du premier étage.
Parfois, pendant la nuit, il descend en douce l'escalier, mais arrivé à la porte d'entrée, il s'arrête et retourne dans le
cachot qu'il s'est choisi. Il y fait les cent pas et élabore des plans pour son retour au sein de la société. Au rez-de-chaussée
vit sa femme, Gunhild, qu'il a épousée pour sa fortune et qui lui voue une haine profonde. Borkman a perdu tout
l'argent de sa femme dans des transactions hasardeuses, tout comme l'argent des clients de sa banque. Gunhild est obligée
de vivre dans la maison de sa soeur jumelle, Ella Rentheimn, le véritable amour de Borkman. Ella est malade et
va bientôt mourir. Entre sa soeur et elle éclate un combat autour d'Erhart, le fils de Borkman, qu'Ella a élevé pendant
la crise bancaire. Elle aimerait qu'il vienne vivre avec elle en ville pour l'accompagner jusqu'à sa mort. Mais Gunhild
a d'autres projets pour son fils : elle veut qu'il blanchisse le nom de Borkman grâce à une carrière brillante. John
Gabriel Borkman pense également à l'avenir de son fils : avec lui, il veut bouleverser l'économie du pays et revenir au
sommet du pouvoir économique. Erhart, lui, est encore étudiant et commence tout juste à faire ses premiers pas indépendants
dans la vie. Quand Ella apparaît en plein milieu de la nuit, pour régler ses comptes avec sa soeur et demander
à Erhart de prendre une décision, Borkman quitte pour la première fois sa chambre pour se mêler au combat
autour de son fils.
L'auteur: Henrik Ibsen
En plus d'un demi-siècle de carrière, Ibsen n'a cessé d'expérimenter les voies dramaturgiques les plus diverses, passant
du drame romantique ou patriotique à la fresque historique, de la comédie de moeurs à la fantaisie inclassable (Peer
Gynt). Mais ce sont surtout ses douze dernières pièces qui ont le plus contribué à sa gloire et fait de lui, aux côtés de
Strindberg et de Tchékhov, l'inventeur d'une nouvelle théâtralité, où le réalisme prosaïque n'interdit pas l'exploration
des profondeurs de la conscience.
Après Solness le constructeur et Le Petit Eyolf, avant Quand nous nous réveillerons
d'entre les morts, John Gabriel Borkman est l'avant-dernier drame qu'ait signé Ibsen et le troisième titre d'un quatuor
constituant une sorte de cycle mineur. Ces quatre pièces ont pour premier point commun d'avoir des protagonistes
masculins. Chacune met en avant la figure d'un créateur qui se retourne sur son oeuvre et sa vie : Solness est un
architecte reconnu , Allmers (père du petit Eyolf), un homme de lettres et un philosophe , Rubek (protagoniste du
dernier drame) est un sculpteur que tous admirent.
John Gabriel Borkman, lui, est banquier. Ou plutôt il l'était, puisqu'une faillite retentissante lui a valu un séjour de
plusieurs années en prison et un déshonneur dont il ne s'est jamais relevé. Mais Borkman, en son âme et conscience,
semble n'avoir toujours pas renoncé à sa mission. Surtout, il n'en a jamais remis en question la dignité proprement
démiurgique. A ses yeux, un véritable banquier ne se borne pas à faire fructifier les dépôts de ses clients - il donne vie
à quelque chose qui n'existait pas avant lui, et qui ne doit le jour qu'à la puissance visionnaire de ses conceptions.
Borkman, fils de mineur, a toujours été sensible aux richesses que recèle le monde, attendant d'être libérées de leurs
entraves. Pareil à un Tantale fasciné par leurs trésors si proches, hanté par leur appel élémentaire, il a rêvé d'y répondre
en arrachant aux fleuves leur énergie, aux montagnes leurs métaux. Mais pour tenter de réaliser ce rêve - et d'abord
pour accéder au poste qui lui en donnerait la chance - il lui a fallu sacrifier son propre amour de la façon la plus ignoble,
puis spolier des familles entières. Au bout du compte, il ne reste de l'or et de l'eau de ses songes qu'une main de
fer et de glace qui lui broie le coeur.
Poète ou prédateur, qui est donc Borkman : un authentique artiste de la finance ou un ambitieux raté choisissant la
fuite en avant et la folie des grandeurs pour ne pas affronter son échec ? Un 'aigle blessé' inconscient de sa véritable
vocation ou un 'loup malade' aveuglé par sa propre volonté de puissance ? Thomas Ostermeier a eu à coeur, pour
composer ce portrait critique, d'interroger à travers lui les ravages qu'opère une certaine prétention prométhéenne à
la surhumanité.
Repéres biographiques
Poète et auteur dramatique norvégien, Henrik Ibsen (1828-1906) a transformé le paysage théâtral de son pays.
Né dans un foyer bourgeois mais touché par la ruine, Ibsen devient préparateur en pharmacie. Les événements de 1848
en France puis dans une bonne partie de l'Europe soulèvent en lui un enthousiasme révolutionnaire. Il se sent alors
une vocation d'auteur dramatique, et publie la même année Catilina, à compte d'auteur. En 1850 son texte Les
Combattants de Helgeland est joué au théâtre de Christiana (aujourd'hui Oslo).
En ces décennies d'éveil des nationalités en Europe, un théâtre norvégien s'ouvre à Bergen. Ibsen en devient le directeur
artistique et le poète attitré. Il doit composer des pièces d'inspiration nationale, mais introduit surtout dans ses
textes une observation fine de la société de son époque. Ibsen prend position sur les problèmes de son temps, et se
penche particulièrement sur la situation féminine. Son théâtre ne rencontre qu'un succès très limité. Sa rencontre avec
Suzanne Thoresen, féministe passionnée, lui rend sa confiance en lui. Devenue sa femme, elle exercera une influence
déterminante sur sa création.
En 1864, l'invasion du Danemark par la Prusse dicte à Ibsen un pamphlet, Brand, qui obtient un fort succès de librairie.
Ibsen est désormais reconnu. Il obtient une bourse d'écrivain et quitte la Norvège. Il voyage en Italie, Allemagne,
Autriche, mais son écriture reste très proche des réalités norvégiennes. Pourtant, avec Maison de poupée (1879), le théâtre
d'Ibsen s'ouvre sur la société européenne de son temps. La pièce obtient un succès international. En 1881 la pièce
les Revenants fait scandale, mais est louée pour ses qualités dramatiques.
Henrik Ibsen rentre en Norvège en 1891, fêté par ses compatriotes, mais très isolé dans un pays où le théâtre compte
encore bien peu. C'est sans doute un peu le portrait de lui-même qu'il dresse lorsqu'il décrit l'homme d'affaire John
Gabriel Borkman (1894).
Le metteur en scène: Thomas Ostermeier
Né à Soltau/Allemagne en 1968, Thomas Ostermeier passe sa jeunesse à Landshut. De 1990 à 1991, il participe à un atelier sur Faust d'Einar Schleef à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts de Berlin (Hochschule der Künste). De 1992 à
1996, il fait des études de mise en scène à l'École supérieure d'Art dramatique Ernst Busch de Berlin. De 1993 à 1994,
il est assistant à la mise en scène et comédien chez Manfred Karge à Weimar ainsi qu'au sein du Berliner Ensemble.
Puis en 1995, il met en scène Die Unbekannte (l´Inconnue) d'Alexander Block d'après les principes de la biomécanique
de Meyerhold. De 1996 à 1999, il est directeur artistique de la Baracke au Deutsches Theater de Berlin, où il met
en scène de nombreuses pièces : Fette Männer im Rock (1996), Messer in Hennen (Des Couteaux dans les poules) (1997),
pour laquelle il est invité au Theatertreffen de Berlin, Mann ist Mann (Homme pour Homme, 1997), Suzuki (1997),
Shoppen & Ficken, Unter der Gürtellinie (Sous la ceinture, 1998) et Der blaue Vogel (l´Oiseau bleu, 1999). En 1998, la
Baracke est primée 'Théâtre de l'année'.
En 1998 et 1999 Ostermeier met en scène Disco Pigs et Feuergesicht (Visage
de Feu) au Schauspielhaus d´Hambourg. Suzuki II d'Alexej Schipenko marquera la fin de l´ère de la Baracke. Depuis
septembre 1999, il est membre de la direction artistique et metteur en scène à la Schaubühne de Berlin.
De plus il met en scène Der starke Stamm (La forte Race, 2002) de Marieluise Fleißer au Kammerspiele de Munich, The
Girl on the Sofa (La Fille sur le Canapé, 2002) de Jon Fosse au festival d´Edinburgh, Baumeister Solness (Solness le
Constructeur, 2004) d´Henrik Ibsen pour le Burgtheater de Vienne et Die Ehe der Maria Braun au Kammerspiele
Munich 2007 (invité au Theatertreffen de Berlin 2008).
En novembre 2002 il est nommé 'artiste associé' pour l´année 2004 par le nouveau directeur artistique du festival
d´Avignon, Vincent Baudriller. Il devient ainsi le point central du festival d´Avignon 2004. Il participe au choix des
programmes, présente des pièces figurant au programme actuel de la Schaubühne.
- Mise en scène Thomas Ostermeier
- Du 2 au 11 avril 2009
(en allemand surtitré en français)
- Odéon-Théâtre de l'Europe
- Place de l'Odéon,
75006 Paris
- Tarifs 30€ - 22€ - 12€ - 7,5€ (série 1, 2, 3, 4)
- Horaires du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h (relâche le lundi)
- Location, Tél : 01 44 85 40 40
- Métro : Odéon / RER B: Luxembourg
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