Jean-Claude Ruggirello | Une exposition sonore à la galerie Claudine Papillon à Paris

Jusqu'au 12 mars 2013

Autant la dévoiler d'emblée à ceux qui entrent dans l'exposition de Jean-Claude Ruggirello : l'expérience à l'origine de son travail est sonore. Il y a tant de choses à percevoir dans l'énigme du présent assemblage de pièces que le silence, qui couve et contient chaque élément de son travail jusqu'à son élaboration finale, en sera presque la seule composante imperceptible ici. Cette mèche une fois vendue, reste à balayer le spectre unique parcouru par toutes ses propositions.


De g. à dr. : A chaque exploit sa couronne, 2011 - Dyptique, 2011.


Le film seul pourra nous retenir pendant une durée in(dé)finie. On cède à la fascination à la vue du soleil qui n'en finit, et n'en finira jamais, de descendre vers une terre ou une mer balisées par l'homme.

C'est qu'il est froid, en fait, le point de vue de celui qui a ourdi ce complot du factice. Toutes ces images, attachées les unes aux autres selon un mode proche de la versification, appartiennent bel et bien à tout le monde, parce qu'elles n'ont pas d'auteur. Prélevées dans l'océan de données virtuelles du réseau mondial, accouplées comme des cobayes à des sons tout aussi dépourvus d'origine, elles fabriquent de toutes pièces le réel idéal de chacun et nous jettent au visage le cliché de nos propres rêves. Nous sommes, décidément, bien convenus. Nous y avons cru.

De g. à dr. : Géometrie napolitaine, 2011 - Géometrie palermitaine, 2011.


Bon. Que font les trajectoires de ces matériaux antagonistes dans l'ordre méticuleux de chaque monochrome ? Les unes jaillissent. Poussent, même , le bois, qui n'est pas mort, suintant encore de résine odorante. Les autres reviennent sur elles-mêmes, traversent et retraversent au point qu'on n'a pas la queue d'une idée de l'emplacement de leur début, ou de leur fin. De la croissance au gribouillis, ces traits se déclarent infinis et rien ne peut les démentir. Le support coloré n'est là que pour servir le brouillage de sa propre perception, le regard se trouble là où l'esprit se perd en conjectures. C'est là qu'il faut revenir à l'expérience première du son, qui conditionne les manipulations presque sadiques de Jean-Claude Ruggirello depuis leur début.

Le son nous environne, nous traverse et nous constitue sans que nous en ayons conscience. Rien n'impose que ce phénomène, le plus souvent enfermé dans la consommation du plaisir musical, nous intrigue. C'est lui que l'artiste a pisté voilà déjà longtemps et persiste à vouloir attraper et dessiner, à travers tous les moyens du visible. Extrait du texte d'Éléonore Marie, janvier 2013

A voir jusqu'au 12 mars 2013, à la Galerie Claudine papillon, 13, rue Chapon 75003 Paris. Tél. : 01 40 29 07 20 & http://claudinepapillon.com. Du mardi au samedi, de 11h à 19h.





Par ArtsHebdoMedias.com
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