Où est passé le merveilleux de nos Noël d'enfants, quand une orange piquée de clous de girofle suffisait à parfumer la maison d'une odeur de fête ?
Cela me prend chaque année à la même époque avec l'arrivée des premières guirlandes de Noël dans les magasins. Cela s'aggrave à la vue des cuisseaux de sangliers sanguinolents, des blocs de foie ventrus sur l' étal des commerçants, des fraises et des cerises incongrues, des échafaudages de ballotins de truffes premier prix au Leaderprice du coin, des coffrets de parfums enrubannés dans les vitrines de parfumeurs.
Je fais partie des personnes, assez nombreuses je crois, qui n'arrivent pas à se réjouir de cette grande ode à la consommation à laquelle tout le monde est prié de participer. Au risque d'être considérée comme une empêcheuse de réveillonner en rond!
Où est passé le merveilleux de nos Noël d'enfants, quand une orange piquée de clous de girofle suffisait à parfumer la maison d'une odeur de fête ? Où est passé la magie de la nativité sensée réjouir toutes les civilisations quand les uns croulent sous le trop et que les autres n'ont rien ? Quand les personnes seules se sentent plus abandonnées encore que les autres jours, et les malheureux plus malheureux encore ?
L'illusion de la fête
Ma déprime se transforme en franche mauvaise humeur quand il faut, en plus, afficher des « projets pour les fêtes ». Mon projet chaque année devient un peu plus une corvée. Il s'agit de ripailler dans ma belle famille, avec une famille qui n'est pas la mienne, des enfants qui ne sont pas les miens, les miens ayant à leur tour cédé à d'autres obligations... Il s'agit de faire plaisir, plus personne ne sait très bien à qui tant le rituel a perdu de son sens.
Drame des familles recomposées qui ne trouvent pas leur place dans des rituels d'une autre époque. Drame des familles où les moins riches sont les plus généreux, où le cynisme et l'indifférence des plus riches s'affiche chaque année avec un peu moins de complexe.
Drame des conflits familiaux refoulés qui explosent à la faveur de la fête et de l'alcool qui désinhibe. Quand la fête familiale faussement représentative de l'illusion d'une union inexistante est l'arène des gladiateurs, la fête devient explosive ! L'idée de « faire la fête » à tout prix ne serait-elle pas un concept vide et artificiel ? Pourquoi faire la fête quand il n'y a rien à fêter sinon pour tromper son ennui ?
Drame des lendemains de fêtes où les uns partent « réveillonner » aux Seychelles quand les autres retournent à leur triste quotidien : la vieillesse, la maladie, le chômage...
Je hais les fêtes, vivement l'année prochaine !
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