Isabelle Gélinas : belle personne

'Il n'y a pas de caméra ? Parce que là j'ai une tête de japonaise !' La comédienne, qui donne la réplique à Robert Hirsch, dans Le Père au théâtre Hébertot, n'est pas au mieux de sa forme. Au menu, infusion de thym pour faire passer le mal de gorge et la crève naissante. Dans l'antique loge poussiéreuse où on accède par un étroit escalier de bois, en montant deux étages et en redescendant un, Isabelle Gélinas se prépare à devenir la fille rejetée, mais aimante de ce père qui, devenu vieux, se perd dans sa réalité.

Isabelle Gélinas est une belle personne, elle parle de son plaisir de jouer son rôle mais « surtout de jouer avec Robert Hirsch. Je n'en reviens pas. » Celle qui a eu Michel Bouquet comme professeur au Conservatoire, autre monstre du théâtre, est admirative de son partenaire, « je l'adore », cet acteur « traversé par 150 personnages. »



La pièce

Dans « Le Père », Florian Zeller a écrit une pièce totalement déconstruite, à l'image de ce qui se passe dans la tête de cet homme au crépuscule de sa vie. Il confond, oublie, mélange les êtres, les vivants, les morts, les lieux et redevient un enfant pour son entourage. Des scènes courtes, qu'on revoit sous des angles différents au gré de ce qui repasse dans la tête du personnage. « C'est puissant de construction. On peut la lire à plusieurs niveaux. »

«On est dans son cerveau, dans sa tête, il est paumé, intrigué. Elle, est dans le déni de sa maladie, en prendre conscience est trop douloureux».

Isabelle joue Anne qui refuse de voir vieillir son père jusqu'au moment où son mari, l'excellent Patrick Catalifo va lui ouvrir les yeux. La pièce est déconstruite et chaque scène se joue indépendamment des autres. « C'est ça qui est difficile, on doit jouer la situation, c'est tout, c'est la contrainte de la pièce. » Ladislas Chollat lui a demandé de garder l'émotion pour les dernières scènes. Isabelle s'y efforce mais quelquefois, l'émotion l'envahit. « On a l'impression de rien faire mais on est pile dedans. »

Souvent les comédiens puisent dans leur vie, dans leurs expériences, de quoi nourrir leur jeu, pas cette fois. « Je me suis interdit toute identification, je joue dans la distance. »

Dans la distance mais pas dans l'indifférence du jeu de son aîné. « Dès que je suis en coulisses, je le regarde. Il m'épate.» Elle en oublierait presque de jouer.



Un partenaire incroyable


Les yeux d'Isabelle pétillent quand elle raconte la réaction de son illustre « père » Robert Hirsch, quand Florian Zeller, l'auteur et Ladislas Chollat, le metteur en scène, ont annoncé à Robert Hirsch qu'elle serait de l'aventure : « il a trépigné. » Le comédien, bon camarade, curieux du travail des autres, était venu la voir « deux fois » dans L'Illusion Conjugale et dans Le Jardin . « Je me suis dit : Vas-y faut y aller, je suis fan ! » En coulisses, hors scène, « il raconte plein d'anecdotes, il est d'une énergie incroyable. »

C'est une « «pièce super belle, ça me change de la famille Boulay.» Tout en passant son pinceau à poudre sur le visage, elle crie : « Denis !», comme Valérie Boulay, dans la série télé à succès « Fais pas ci, fais pas ça ». Elle apprécie de sortir de la série et de jouer autre chose. « Je suis gâtée au théâtre avec de beaux rôles, depuis quelques années. Même si je ne suis pas appelée au cinéma, j'ai toujours travaillé dans des œ,uvres de qualité à la télévision. »

D'ailleurs, bientôt, elle va tourner dans une série suisse. Isabelle est très flattée, les réalisatrices attendent qu'elle soit libre. Et modeste avec ça...


La saison 5 de Fais pas ci, Fais pas ça reprend le 5 novembre.
Théâtre Hébertot 01 43 87 23 23

mail : reservation@theatrehebertot.com



Par Veronique Guichard

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