Grèce : la conversation des olives

Les îles ioniennes 2/5

Grèce, 2013. L'olivier, multiséculaire, témoin de tant d'histoires, raconte les secrets du passé.

Olivier deux fois millénaire, au-dessus de la baie d’Antisamos, à Sami (Céphalonie)
C'est peu de dire que la colossale frondaison du platane, et l'ombre qu'elle offre à la terrasse d'un café installé juste en-dessous est la bienvenue ! Un très vieux monsieur, paraissant tout heureux que quelqu'un soit plus vieux que lui, m'affirme que le platane a... 220 ans.

Son copain, le visage mangé par une large et longue barbe grise et une tignasse bouclée assortie, nuance :

- «Disons qu'il a autour de 200 ans...»

Mais le petit monsieur en a la moustache qui tressaute d'émotion qu'on puisse lui contester les vingt ans qui s'ajoutent aux deux cents. Il n'en démord pas, aussi sûr de lui que s'il avait participé à la mise en terre de la graine initiale : « Je suis formel, 220 ans, c'est certain ! ».

La terrasse se découpe sur fond de mer et l'on aperçoit au loin l'île de Zante, dans des vapeurs de rose et de violines qui flottent à l'horizon.

L'olivier les réconcilie, car ils sont tous d'accord pour affirmer que le plus vieil olivier de l'île à 2000 ans. Quand on s'approche de ce vénérable végétal, on peut, selon eux, entendre ce qu'ils appellent la ' conversation des olives ' : les racines de cet olivier se sont tellement étendues depuis deux millénaires qu'elles ont poussé jusqu'au cimetière. Là, elles sont rentrées en contact avec tous les morts passés sur terre depuis qu'il existe.

Et quand on s'approche de l'arbre, si on tend bien l'oreille, on entend tous ces murmures des anciens.

Comme je trinque avec ces vieux Grecs en buvant le vin qu'ils produisent ici, le Robola, rapidement je renonce à tracer une limite formelle entre légende et réalité...

Par Julie Montagard