Relance et régulation
A l'issue de leur réunion initiale sur la crise financière et l'économie mondiale, à Washington, les pays du G20 ont présenté le 15 novembre 2008 un plan d'action pour juguler la crise. Ce texte dense, technique, comporte plusieurs mesures, les principes qui les régissent, ainsi qu'un premier calendrier d'exécution. Il établit deux priorités: la relance de la croissance mondiale et la réforme des systèmes financiers. Un deuxième sommet est prévu en avril à Londres.
Le fait que des pays aussi divers que les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, l'Arabie Saoudite, la Chine, l'Inde ou le Mexique, leaders de l'économie mondiale ou émergents, aient pu s'accorder sur un plan anti-crise, le 15 novembre à Washington, pourrait être qualifié d'historique. C'est dire aussi l'urgence des mesures à prendre dans une situation où tous sont éclaboussés, si ce n'est plus.
On peut cependant déplorer que les pays les plus pauvres de la planète ne soient toujours pas invités à la table du G20
*Le G20 regroupe le G8 (Etats-Unis, Canada, Japon, Russie, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie), l'Afrique du Sud, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique et la Turquie. Siègent par ailleurs au G20 les dirigeants du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque centrale européenne. L'Espagne et les Pays-Bas étaient invités à Washington.
, un peu comme s'ils demeuraient les 'néantisés' de la planète économico-financière, les 'sans voix' de l'équilibre mondial. A commencer par l'Afrique dont le seul pays représenté à Washington était l'Afrique du sud.
Quoi qu'il en soit, face à la crise, les pays du G20 sont tombés d'accord sur la poursuite des efforts pour soutenir l'économie mondiale et stabiliser les marchés financiers et sur le fait de jeter les bases des réformes qui contribueront à éviter qu'une crise mondiale de ce type ne se reproduise.
'Nous serons guidés dans nos travaux par la conviction commune que les principes du marché, des économies ouvertes et des marchés financiers correctement réglementés favorisent le dynamisme, l'innovation et l'esprit d'entreprise qui sont indispensables à la croissance économique, à l'emploi et à la réduction de la pauvreté', affirme le G20.
Voici les principaux points de son
«plan d'action» contenu dans la 'Déclaration du sommet sur les marchés financiers et l'économie mondiale'. Intégralité du document en PDF en pièce jointe à cet article.
Relancer la croissance
Les chefs d'Etat et de gouvernement des pays du G20 s'accordent sur la nécessité d'une réponse politique plus large fondée sur une coopération macroéconomique plus étroite, pour restaurer la croissance. Politique monétaire, mesures budgétaires et renforcement du rôle de la Banque mondiale et des autres banques multilatérales de développement auprès des économies émergentes et en développement pourraient aider à
atteindre ces objectifs.
Réguler les marchés financiers
Le G20 se dit prêt à renforcer la transparence et la responsabilité des marchés financiers, à en favoriser la régulation saine, à tous les promouvoir, y compris ceux des pays émergents et à renforcer la coopération internationale.
Les Vingt s'engagent aussi à mieux réguler les produits financiers dérivés des crédits. Ils mettront en place d'ici au 31 mars 2009 un «collège de superviseurs» comprenant tous les principaux régulateurs de la finance dans le monde. Ce collège se réunira régulièrement pour discuter de l'état des plus grandes banques mondiales opérant dans de nombreux pays et évaluer la sécurité financière de ces institutions.
Réformer les institutions internationales
Le G20 prescrit une «réforme complète» des institutions de Bretton Woods, le Fonds monétaire international (FMI, 185 pays membres) et la Banque mondiale
*Les Accords de Bretton Woods signés le 22 juillet 1944 ont donné naissance à deux organismes: la Banque mondiale (BIRD) et le Fonds monétaire international (FMI).
'de manière à ce qu'elles reflètent de façon plus appropriée
l'évolution des poids économiques dans l'économie mondiale et qu'elles
répondent mieux aux défis à venir. La représentation et la participation des
économies émergentes et en développement dans ces institutions doivent être
accrues.'
Le FMI verra son mandat élargi pour mieux superviser les opérations économiques nationales et ainsi servir de système d'alerte précoce à la crise quand un pays dérive. Les Vingt s'engagent à veiller à ce que le FMI et la Banque mondiale disposent des ressources financières suffisantes pour aider les pays les plus pauvres à affronter la crise.
Les dirigeants du G20 s'engagent à agir rapidement pour élargir notamment aux puissances économiques émergentes la composition du Forum sur la stabilité financière (FSF) qui rassemble des représentants des gouvernements, des banques centrales et des agences de régulation de différents pays pour chercher des moyens d'améliorer la régulation financière.
Maintenir une économie mondiale ouverte
Soucieux d'éviter que la crise financière actuelle ne déclenche des réflexes de protectionnisme qui ont fortement contribué à l'apparition de la Grande Dépression des années 1930, les dirigeants du G20 s'engagent à ne pas élever de nouvelles barrières douanières pendant les 12 prochains mois. Ils s'engagent en outre à tenter de trouver un accord dans l'année sur les modalités permettant de conclure le cycle de Doha sur les échanges commerciaux au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Autres défis
Le G20 reste engagé dans le traitement des autres défis majeurs comme la
sécurité énergétique et le changement climatique, la sécurité alimentaire, l'état de
droit, et la lutte contre le terrorisme, la pauvreté et les maladies.
Prochaine réunion
Les dirigeants du G20 se réuniront à nouveau d'ici au 30 avril 2009 et donnent à leurs ministres de l'Economie et des Finances une feuille de route pour préparer cette rencontre. En ce qui concerne les Etats-Unis, où Barack Obama succédera à George W. Bush à la présidence le 20 janvier 2009, des responsables de l'administration Bush ont déclaré qu'ils étaient en contact constant avec l'équipe de transition Obama.
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