Pieds nus sur la terre infinie
Le dernier livre d'Hervé Kempf, « Fin de l'occident, naissance du monde », décrit le chemin d'un nouveau monde basé sur la sobriété et où chacun sur terre, pourra trouver sa juste place.
Après avoir montré en 2007 que « Les riches détruisent la planète », Hervé Kempf, journaliste au journal Le Monde et pour le site reporterre.net, trace la voie à suivre dans les deux livres qui ont suivi : « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme », et « L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie. » Nous sommes à « la fin d'un monde », explique-t-il dans son dernier livre, car les contraintes écologiques interdisent que le niveau de vie occidental se généralise à l'échelle de la planète.
L'Occident et les Européens ont dominé la terre pendant trois cents ans. Ils ont bousculé le monde grâce à l'énergie bon marché qui a nourri la révolution industrielle, avec pour résultat, une disparité de niveau de vie entre les pays du Nord et ceux du Sud qui va croissant.
Le niveau de vie des Occidentaux devra donc forcément baisser pour se garder d'une catastrophe environnementale, et aussi pour éviter des conflits créés par une trop grande inégalité. L'appauvrissement matériel de l'Occident est inéluctable, nous vivons “la fin d'un monde” et il faut nous y préparer.
“La question majeure qui détermine l'avenir, dit-il, n'est plus la place de l'Occident ou de toute autre puissance, mais celle-ci : quel peut être le niveau moyen de consommation matérielle des quelque 9 milliards d'habitants que pourrait compter la planète en 2050 ?”
La sobriété seule peut nous sauver
Dans son livre, « La stratégie du choc », Naomi Klein avait montré que face à une crise, le capitalisme avait tendance à l'utiliser pour imposer l'application complète de son programme de libéralisation totale de l'économie au détriment de l'environnement et des libertés.
Les dirigeants politiques savent bien que la croissance s'épuise, mais ni la droite ni la gauche n'agissent efficacement. La gauche idéaliste n'est pas mieux armée idéologiquement que la droite matérialiste. Même si la situation matérielle de la plupart des habitants de la terre est meilleure qu'au XIXème siècle, il nous faut renoncer à la perspective d'une généralisation du « rêve » américain car « l'avenir radieux » mène à une catastrophe écologique.
Plutôt que de chercher à grand prix des ressources énergétiques nouvelles, “la priorité devrait être d'apprendre à en consommer le moins possible”. Le progrès de l'émancipation humaine est à chercher sur une autre voie que celle du progrès infini des conditions matérielles.
Il faudra modifier la répartition des revenus et de la richesse collective, et transformer nos modes de consommation et de production. « Il ne s'agit plus de répartir l'abondance, l'enrichissement sans fin promis par la croissance, mais d'organiser la sobriété », en espérant que les États sauront assurer à la fois l'équité entre les hommes et les équilibres écologiques et biosphériques.
« Ainsi», souligne Hervé Kempf, « pourra s'accomplir la mutation radicale de l'humanité vers un nouveau monde —,le passage du néolithique au biolithique, où l'espèce humaine prospérera en accord avec les autres espèces vivantes de la planète. »
Les oligarchies le permettront-elles ?
Fin de l'Occident, naissance du monde (Seuil), 156 pages, 15 €
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