Les femmes arrivent dans l'univers du poker, fortes du jeu en ligne. Elles apprennent, le plus souvent, sur Internet avant de s'asseoir aux tables des casinos. L'équipe pro (la team) de barrierepoker.fr compte deux femmes sur les huit professionnels sponsorisés par la marque. Nous les avons rencontrées.

Si l'on vous dit “ poker”, à quoi pensez-vous ? Pour certaines d'entre vous, l'image qui s'imposera sera celle d'un saloon, au coeur duquel une tablée de cow-boys mal rasés tapent le carton, avant de s'entretuer pour une supposée tricherie de l'un ou de l'autre. Ou encore, celle d'une autre tablée, cette fois de messieurs bien sapés mais prêts à en découdre si celui qui vient d'y laisser sa chemise ne peut rembourser ses dettes... Bref, un univers d'hommes, véhiculé par le cinéma et la littérature qui s'appuyaient sur une réalité : le poker était exclusivement l'affaire de ces messieurs !
Mais les temps changent, et avec l'arrivée du poker en ligne, les femmes s'y mettent, et très vite tiennent leur rang. “Il y a encore cinq ans il n'y avait aucune femme. Mais depuis un ou deux ans, il y a des joueuses dans les compétitions internationales. Une vraie révolution” constate Grégory Chochon, poker manager chez barrièrepoker.

Une femme et des pros
Une féminisation (encore très relative !) dûe à internet qui a permis une passerelle avec le poker en live, qui pouvait s'avérer brutal pour celles qui n'y étaient pas préparées. Martine raconte : “Je n'aurais jamais osé m'asseoir autour d'une table de poker auparavant, car j'en savais la difficulté”. Quand on cherche à en savoir plus, c'est un joueur qui raconte : “Une femme seule contre sept hommes, pas évident !” Avant de poursuivre : “ C'est plus fort que nous, on pense qu'une femme n'a pas un bon niveau, qu'on va pouvoir facilement prendre l'ascendant sur elle, bref tous ces préjugés misogynes...” avant de constater : “Mais aujourdh'ui, cela change car il y a des joueuses d'un sacré niveau, tout aussi capables de vous plumer que les autres adversaires”.

Dans la team barrierepoker.fr
On compte aujourd'hui, en France, environ une dizaine de femmes professionnelles. C'est le cas de Barbara Martinez qui, au championnat du Monde de poker (WSOP) est arrivée 527e (sur 8 000 candidats) en juillet dernier, empochant 27 000 dollars, 12e (sur 130) au Marrakech Poker Open, ou 3e à l'European Poker Tour (EPT) de Deauville. Son actuel manager, songeur, se rappelle : “Il y a seulement deux ans, elle jouait quasiment seule femme au casino d'Enghien et cela faisait vraiment un drôle d'effet. Les joueurs étaient stupéfaits de la découvrir à leur table”, tout en ajoutant : “stupéfaits mais... pas mécontents de voir une belle femme jouer avec eux !”.

C'est le cas également de Lucille Cailly. Cette jolie rousse au regard doucement souligné de gris est en doctorat de philosophie quand elle décide —, provisoirement tient-elle à préciser —, de se consacrer au poker, autrement dit de devenir professionnelle. Elle se souvient que trois mois après avoir commencé à jouer, elle s'envolait pour Las Vegas. « Je me croyais bonne joueuse, mais au contact des professionnels, je me suis rendu compte que c'était loin d'être le cas. Alors, j'ai beaucoup travaillé, beaucoup lu et beaucoup joué. C'était, il y a trois ans exactement. Aujourd'hui, je suis réellement une Pro. Et les hommes me reconnaissent cette compétence ».
Les deux battantes ont un caractère joliment trempé. Indispensable dans cet univers où les femmes grignotent leur part de jeu plutôt qu'on ne la leur octroie.
Presque toutes celles qui viennent au poker ont la même démarche : se former par le jeu en ligne (sur internet aujourd'hui, un joueur sur quatre est une femme), participer ensuite à des tournois spécifiquement féminins (les ladies), enfin se lancer en tournoi à l'assaut de la forteresse masculine aujourd'hui fissurée.
N'est-ce pas une anglaise Liv Boeree qui a remporté l'European Poker Tour (EPT) 2010, à San Remo ? Ils étaient 1 239 joueurs à s'affronter (dont même pas 10% de femmes). Et c'est elle qui a raflé la mise : 1 200 000 €.
Et pour terminer sur un cocorico, rappelons que c'est une Française, Vanessa Hellebuyck, qui est arrivée, cet été, en tête du Championnat du Monde des Femmes à Las Vegas.
Par
Ajouter un commentaire