Femmes et emplois en Finance

Interview de Julia Lemarchand, analyste marché chez eFinancialCareers

Julia Lemarchand, analyste marché chez eFinancialCareers, site d'emploi en Finance,
nous éclaire sur les tendances observées en matière d'emploi pour les femmes dans les métiers de la finance, des métiers réputés comme étant plutôt masculins.

- Combien de dossiers eFinancialCareers traite-t-il par an ?

Nous avons actuellement plus de 78 000 CV actifs dans notre CV-thèque et plus de 128 000 candidats inscrits sur le site.

- Parmi les candidats auxquels vous avez affaire quel est le pourcentage de femmes ?

Nous ne faisons pas la distinction Hommes/Femmes sur le site. Nous respectons en effet la charte de déontologie relative aux règles de diffusion d'une annonce dans laquelle :
l'offre d'emploi ne peut pas mentionner le sexe de la personne recherchée : l'offre doit être rédigée de façon à faire apparaître clairement qu'elle s'adresse indifféremment aux hommes et aux femmes. Ainsi, par exemple « Cadre H/F » ou « Employé(e) ». Toutefois, le Code du travail prévoit que des emplois peuvent être réservés à l'un ou l'autre sexe. Ces exceptions concernent exclusivement  les artistes de spectacles , les modèles pour peintre, sculpteur... , les mannequins présentant des vêtements. En outre, certains travaux dangereux étant interdits aux femmes (travaux souterrains des mines et carrières, exposition à l'action de la silice...), ce type d'emplois ne peut être pourvu que par des hommes. En conséquence, seules les offres relatives à ces emplois peuvent comporter la mention du sexe.* De plus, le formulaire d'inscription sur le site ne requiert pas de préciser le sexe du candidat. Enfin, lors du dépôt de leur CV, nous ne demandons en aucun cas aux candidats de préciser leur sexe.

- Quels types de postes recherchent-elles en particulier?

Là encore il n'est pas très facile de savoir ce que les femmes recherchent plus particulièrement dans le secteur financier. De fait, nous constatons que les métiers de front-office en banque d'investissement par exemple ou encore les postes de direction sont encore largement occupés par des hommes. On retrouve plus souvent les femmes dans les métiers de support (middle-back office). Parallèlement, certains secteurs de la finance, tels que le private equity, sont considérés comme des bastions masculins. Certes les stéréotypes ont encore la vie dure, mais le problème est plus profond : les femmes constituent seulement 10% des diplômés d'écoles d'ingénieurs.

- De leur côté, les entreprises sont-elles toujours plus disposées à engager un homme plutôt qu'une femme ou bien y-t-il une évolution ?

Les employeurs ne mentionnent pas le sexe lors du recrutement, principalement parce qu'ils sont tenus au respect de la loi anti-discrimination. En outre, ce n'est pas un critère qui entre en jeu dans la mesure où l'essentiel est pour eux de trouver le candidat avec les compétences requises pour le poste proposé.

- Quels sont les principaux obstacles rencontrés par les femmes dans ces métiers ?

Les obstacles à l'embauche ont été largement levés. Les femmes connaissent surtout des difficultés dans l'avancement de leur carrière, basé souvent, à tort, sur l'ancienneté et non sur les seuls critères des compétences et de la motivation. Ce système pénalise clairement les femmes, littéralement freinées par un ou plusieurs congés maternité. Ces derniers peuvent en effet constituer un frein à la promotion professionnelle et salariale. Face à une culture du « présentéisme », les femmes ont souvent plus de difficultés à équilibrer vie professionnelle et vie privée. Les employeurs ne permettant pas toujours la flexibilité dont elles ont besoin. Il ne faut pas non plus nier le problème d'autocensure. On dit aussi souvent des femmes qu'elles savent moins bien « réseauter » que les hommes. Ce qui expliquerait en partie pourquoi elles accèdent moins facilement aux postes de direction. Il faut également noter que la jeune génération se laisse moins intimider par le « plafond de verre ». Être une femme dans le contexte de valorisation de la diversité devient même un atout.

- Quels sont les principaux profils recherchés ?

Les profils recherchés ne sont pas basés sur le sexe mais sur les compétences requises.

Par exemple, pour un Contrôleur de gestion confirmé (H ou F) :
Formation de niveau BAC+5 ou équivalent en finance ou gestion,
Expérience de 4 à 5 ans en contrôle de gestion en milieu bancaire,
Une expérience en management de projet serait un plus.
Une expérience en salle des marchés est un plus.
Anglais courant

Ou encore :
H-F SUPERVISEUR DATA - EQUITY RESEARCH
Issu(e) d'une formation supérieure (Bac + 4 minimum), vous justifiez d'une expérience dans un environnement de finance de marché ou gestion d'actifs. Vous avez de solides connaissances en comptabilité, et idéalement en analyse financière. Vous avez une bonne maîtrise de la suite Office (notamment Excel) et plus généralement d'outils informatiques.

- Les perspectives de carrières pour les femmes dans ces métiers ?

Même si elles ne se battent pas toujours à armes égales avec les hommes, les femmes peuvent aujourd'hui réussir dans tous les secteurs de la finance, à condition d'avoir les compétences requises, une grande motivation, de la combativité, et de faire leurs preuves. De ce point de vue, les mentalités ont beaucoup évolué. Mais il reste encore du chemin à faire.

- Quelques exemples de salaires ?

A nouveau, les salaires proposés ne sont pas variables en fonction du sexe.

Voici des exemples d'offres que vous pourrez trouver sur le site :

Un(e) Contrôleur de Gestion pour son siège.
Lieu : France-Paris Ile-de-France
Salaire : 42-48 k€

Senior Sales Cash Management —, H/F
Lieu : France-Paris Ile-de-France
Salaire : 100-150 K€

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*Textes de référence
Articles L. 122-45 (discriminations), L. 123-1 (discrimination sexuelle), L. 121-6 et suivants (informations demandées, techniques de recrutement) et L. 311-4 (diffusion et publicité des offres d'emploi) du Code du travail
Article R. 416 du Code pénal (sanctions)
Loi nº 2006-396 du 31 mars 2006 « pour l'égalité des chances » (JO du 2 avril)

Par Nicole Salez