« Femme au volant, mort au tournant » ! Assez de cet adage dévalorisant, qui fait de la conduite le domaine de compétence des hommes. Toutpourlesfemmes.com a interrogé des professionnelles de l'automobile. Taxi et monitrice d'auto-école, elles ont accepté de répondre à nos questions et donnent leur vision de la conduite au féminin.
Femmes au volant: halte aux idées reçues !
Fatima Ardous, 54 ans, chauffeur de taxi au Club Affaires (compagnie G7, Paris)
Comment êtes-vous devenue chauffeur de taxi?
'Je suis marocaine et je conduis un taxi depuis bientôt 30 ans. Après avoir fait plusieurs petits boulots, j'ai passé le CAP de chauffeur de taxi. A ce moment-là, on passait un examen oral : il fallait notamment connaître le nom des rues et des monuments... Aujourd'hui, tout se passe à l'écrit ! J'aime beaucoup ce que je fais, je me sens très épanouie : c'est un métier dans lequel il faut aimer le contact. Depuis 24 ans, je travaille pour le Club Affaires qui compte 800 voitures : parmi mes clients, il y a pas mal de célébrités ! Mais je ne peux pas révéler leurs noms. On entre au Club Affaires après un passage en commission qui juge notre professionnalisme, notre disponibilité et notre discrétion !'
Quel pourcentage de femmes y-a-t-il dans ce métier ?
'Quand j'ai débuté, on était seulement 2% de femmes à conduire les taxis, aujourd'hui, on serait plutôt 12 %, sachant qu'il y a 15 000 taxis à Paris. Je suis par ailleurs une des premières femmes marocaines à m'être lancée dans ce métier.'
Y-a-t-il des avantages à être une femme?
'Je dirais plutôt que ce métier présente beaucoup d'avantages pour une femme. On peut en effet choisir des horaires qui nous arrangent, sachant tout de même que nos journées durent de 11 à 12 heures. Quand mes enfants étaient petits, je travaillais très tôt le matin pour pouvoir être avec eux après l'école. Etre taxi, c'est faire de longues journées, mais quand on aime son activité on se fatigue moins : alors tout va bien pour moi !'
Florence Cecconi, 42 ans, monitrice auto moto à Auto Ecole 3000, à Antibes (Alpes-Maritimes)
Quelle place occupent les femmes dans votre profession ?
'De plus en plus de femmes y viennent. Pour la voiture, nous devons être environ 40 %. Pour la moto, nous sommes moins nombreuses, autour de 10% et pour les poids lourds, autour de 5 %.
Les monitrices sont peut-être plus psychologues et les moniteurs plus branchés mécanique. Face à une enseignante, il peut arriver que certains élèves jouent au plus malin, mais il suffit d'avoir assez de caractère pour ne pas se laisser impressionner ! En voiture, j'ai 6 à 8 élèves par jour ! En moto, je peux en avoir jusqu'à 3 en même temps...Enseigner la conduite doit être une véritable vocation. La profession de moniteur recquiert patience, pédagogie et sens de la psychologie : l'échange de connaissances et la relation humaine comptent beaucoup.
Pour exercer ce métier aujourd'hui, il faut être titulaire du B.E.P.C.A.S.E.R (Brevet d'enseignement professionnel à la conduite et à la sécurité routière). Il s'agit d'un stage payant d'une durée de 9 mois, validé par deux examens.'
Pensez-vous qu'il y a une manière de conduire typiquement féminine?
'Les femmes préfèrent les trajets urbains aux longs trajets, d'ailleurs il y a très peu de femmes « routiers » et dans les sports automobiles. Je pense que les femmes n'ont pas la même sensibilité que les hommes quand il est question de mécanique. Nous, on conduit pour rester indépendante dans les tâches quotidiennes comme les courses ou pour accompagner les enfants à l'école...
Les conductrices ont parfois des difficultés à se concentrer. Au lieu d'utiliser leur rétroviseur pour contrôler qu'il n'y a pas de danger, certaines ont tendance à se remaquiller, ce qui peut être dangereux. En revanche, pour ce qui est des limitations de vitesse, les femmes ont une conduite plus sécuritaire que les hommes. Elles sont aussi plus sensibles à la peur du gendarme!'
Qu'en est-il de celles qui apprennent à conduire ?
'Les femmes ont beau être prudentes au volant, elles peuvent avoir les défauts de leurs qualités et notamment manquer de confiance en elles. De plus, celles qui ont grandi dans un environnement sans voiture (type grandes villes avec de nombreux transports en commun) ont quelquefois plus de mal à apprendre. Mais, elles ont de la volonté et finissent par décrocher le permis. Lorsqu'elles ont trop de mal avec la mécanique, il faut orienter les candidates vers le permis « boîte automatique ». Que ce soit pour les hommes ou les femmes, passer son permis aujourd'hui n'est pas facile. Je pense qu'à terme, le permis manuel sera remplacé par l'automatique, comme aux Etats-Unis. Ainsi, les conducteurs pourront mieux se concentrer sur les dangers de la route'.
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