La nature et le silence envahissants de Peter Doig. Au Musée d'Art Moderne de Paris, jusqu'au 7 septembre 2008
Le Musée d'Art Moderne de Paris présente la première rétrospective de Peter Doig. Ses 46 peintures et 40 dessins retracent le parcours artistique de l'artiste des années 1990 à nos jours. Ecossais de naissance, caribéen d'adoption, le très coté Peter Doig peint des paysages d'une sérénité apparente.
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Un homme, au visage indistinct, aux cheveux longs, assis sur un très long canoë orange qui flotte dans une mer bleue, observe le spectateur. Au loin, du vert, la côte. Première impression : un type en vacances dans un site paradisiaque. L'effet de sérénité apparente laisse place à une atmosphère pesante, angoissante. Le temps est suspendu. La nature étouffe le sujet. Chacun peut interpréter une histoire. La figuration de tableaux de Peter Doig n'entend pas, en effet, illustrer un événement précis, tout est dans un inquiétant entre deux livré à l'interprétation.
L'artiste s'inspire de la vie de tous les jours dans des lieux sauvages, indéfinis, abandonnés que l'homme traverse en laissant un signe de sa présence : canoës vides, maisons de travailleurs saisonniers cachées dans les arbres, silhouettes solitaires devant les brumes flottantes, vue au loin d'un camion sur une route de campagne.
On retrouve, certes plusieurs influences dans les tableaux de Peter Doig : symboliste, on pense aux lac Léman de Hodler, expressionniste avec Munch, et impressionniste avec Monet.
La nature est véritablement pour Peter Doig le « lieu du motif ». Il l'étudie dans tous ses aspects : nocturne, diurne, lumineux, voilé, enneigé, diaphane voire phosphorescent et sous toutes ses facettes : lumière, eau, reflet. Cela conduit à des effets presque théâtraux : solarisation extrême dans Jetty, monochrome rouge d'un ciel sanglant dans Backed. Des fragments de paysages se perdent dans des reflets de mares ou d'étangs dans What does your soul like.
Peter Doig ne peint pas à l'extérieur ce qu'il voit. Ses tableaux proviennent de sources très différentes : photographies, histoires entendues, souvenirs visuels, pochettes de disques, clichés de films de série B, voir notamment ce tableau « vendredi 13 » montrant le rêve d'une jeune fille évanouie dans un canoë tranquille. Lac de son enfance ou scène gore adoucie ? Ses peintures se construisent lentement. Parfois, l'artiste a besoin de plusieurs années pour finir un tableau. C'est un intuitif « le sujet se développe au fur et à mesure que je peins » concède l'artiste.
Après une jeunesse canadienne, il commence des études d'arts à Londres dans la même promotion que John Galliano en 1979. Il peint ses premières toiles en 1980, retourne au Canada comme décorateur de cinéma et peint la nuit. C'est en revenant dans la capitale britannique qu'il se fait repérer par le magazine d'art Friez en 1990. En 2007, ses tableaux frôlent les 9 millions d'euros.
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris
-11 avenue du Président Wilson - 75116 Paris
-Tél. : 01 53 67 40 00
Horaires
-Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
-Nocturne le jeudi jusqu'à 22h
-11 avenue du Président Wilson - 75116 Paris
-Tél. : 01 53 67 40 00
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-Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
-Nocturne le jeudi jusqu'à 22h
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