Exposition - Esquimaux vus par Matisse

Georges Duthuit : Une fête en Cimmérie

Autour d'un texte littéraire, 'Une Fête en Cimmérie' écrit par Georges Duthuit et illustré par Henri Matisse de lithographies de visages d'esquimaux, cette exposition au musée Matisse (Le Cateau Cambrésis) est une approche poétique de l'univers magique du monde des Inuits découvert à New York par Georges Duthuit pendant la guerre et du thème du 'masque' que Matisse dessina jusqu'à en trouver le 'signe'. Jusqu'au 7 février 2011.

En 1947, la fille d'Henri Matisse, Marguerite, et son époux, Georges Duthuit, avaient projeté de constituer une série d'ouvrages sur le thème des rituels et de la fête dans certaines civilisations. Inaugurant la série, le livre sur les Esquimaux est un essai poétique de Georges Duthuit, Une Fête en Cimmérie , pour l'illustration duquel Matisse réalise des dessins de visages d'Inuits, peuple en relation permanente avec les forces mystiques et physiques de la Nature. Au moment où il commence les grands dessins muraux pour la Chapelle de Vence, l'intérêt de Matisse pour la représentation de visages qu'il nomme parfois « masques » est marqué par sa curiosité pour les masques esquimaux de la rare collection que Georges Duthuit a acquis en même temps qu'André Breton, Claude Lévi-Strauss, Max Ernst... à New York.

Georges Duthuit et l'art des Inuits

L'exposition présente Georges Duthuit, éminent critique d'art, spécialiste d'art moderne et d'art oriental, historien et écrivain et son fils Claude Duthuit qui enrichit le musée de tous les dessins, gravures et documents autour du livre, Une Fête en Cimmérie. Les écrits de Georges Duthuit, les milieux qu'il fréquente et son séjour à New York où il découvre les masques Inuits focalisent sur le croisement entre l'art et la littérature dans lequel est aussi mêlé Tériade et beaucoup d'écrivains d'après-guerre.

Une fête en Cimmérie

La deuxième partie de l'exposition concerne le livre, Une fête en Cimmérie. Il s'agit d'une fable qui allie le fantastique et l'observation réaliste, la rencontre entre le monde des Inuits aux coutumes ancestrales et l'Amérique basculant dans la modernité. Le texte de Georges Duthuit est présenté avec les 31 lithographies, l'aquatinte, les épreuves annotées et les dessins d'études réalisés par Matisse en référence au texte de son gendre, aux récits et aux photographies d'explorateurs.

Cet univers mi-ésotérique mi-ethnographique est illustré d'une exceptionnelle collection de masques Inuits et d'une partie de la célèbre collection de masques Esquimaux du musée de Boulogne-sur-Mer qui fut exposée à Paris au moment où Matisse illustra le livre. Tériade en fut l'éditeur et le lithographe Fernand Mourlot en tira les planches corrigées et signées par le peintre.

Le thème du « masque » dans l'oeuvre de Matisse

La troisième partie de l'exposition présente le thème du masque à travers une trentaine de dessins, lithographies, aquatintes réalisés des années 1947 à 1954, au moment où la réalisation de la Chapelle des Dominicaines de Vence amène Matisse aux dessins au large pinceau exécutés sur les carreaux de céramique des murs de la nef et de l'autel.

Un des dessins les plus remarquables est le masque sur fond jaune de la collection du musée de Grenoble provenant de la dation de Pierre Matisse, le fils du peintre. Une autre oeuvre, particulièrement importante est 'L'Esquimau' de 1947, papier gouaché, découpé et collé du musée Det Danske Kunstindustrimuseum de Copenhague.

Par Nicole Salez