La Fondation Cartier présente César (1921-1998) mis en scène par Jean Nouvel
La Fondation Cartier présente
une exposition majeure consacrée
à l'artiste César, dix ans après sa
disparition. Jean Nouvel, en tant
qu'architecte du bâtiment de la
Fondation Cartier et ami du sculpteur,
est invité à choisir les oeuvres et à les
mettre en scène, portant un regard
nouveau sur l'oeuvre de ce sculpteur
qui n'a cessé d'explorer les possibilités
formelles et expressives offertes par les
matériaux industriels.
À travers cette
exposition, la Fondation Cartier rend
hommage à un artiste avec qui elle a
collaboré pendant près de quinze ans,
depuis 1984 jusqu'à sa disparition en
1998. Près d'une centaine d'oeuvres
parmi les plus importantes de la
carrière de César sont présentées :
Bestiaire en fer, Compressions,
Empreintes humaines, Expansions...
Habitée par l'exemple des grands
maîtres de la sculpture et structurée
autour d'une série de gestes radicaux
et novateurs, l'oeuvre de César se place
sous le signe d'une résistance à la
pensée commune. L'exposition que lui
consacre la Fondation Cartier révèle
l'influence décisive de son travail
sur l'art d'aujourd'hui.
César et la Fondation Cartier
César et la Fondation Cartier
César est un artiste dont l'histoire a
recoupé de façon déterminante celle
de la Fondation Cartier. Il a notamment
joué un rôle décisif dans la création
de la Fondation Cartier en 1984 après
avoir longuement conversé avec Alain
Dominique Perrin sur la nécessaire
« création d'un lieu d'exposition libre
et différent ». De son côté, la Fondation
Cartier a accompagné l'artiste tout au long
de sa carrière en présentant régulièrement
son oeuvre. Ainsi en 1984, l'exposition
Les Fers de César célèbre l'ouverture de
la Fondation Cartier. La même année,
César entame dans le parc de la Fondation
la réalisation de l'Hommage à Eiffel, une
sculpture monumentale de 18 mètres de
haut créée à partir de poutrelles issues
de l'opération d'allégement de la tour
Eiffel et inaugurée en 1989, lors du
centenaire de celle-ci. Organisée en 1986,
l'exposition Les Championnes de César est
pour l'artiste l'occasion de renouveler
son langage plastique tout en reprenant,
avec la compression de voitures à plat, une idée née en 1959 à Villetaneuse
et développée en 1970. En 1989, dans
le cadre de l'exposition Solex-nostalgie,
l'artiste réalise une Compression du
mythique vélosolex (Compression Solex,
1988). Cette collaboration entre l'artiste
et la Fondation Cartier va prendre une
dimension internationale en 1991, avec
la participation de César à l'exposition
Too French à Hong-Kong puis à Tokyo, et
en 1992 avec la commande et la donation
par Cartier à la ville de Hong-Kong
de la sculpture monumentale The Flying
Frenchman.
Jean Nouvel et César
Sculpteur de formation académique, dont
la production est riche de gestes novateurs,
César partage avec Jean Nouvel, lors
de vacances passées ensemble, ses
interrogations sur la nature de l'oeuvre
d'art : « Une oeuvre qui ne met pas en
valeur un savoir-faire relève-t-elle encore
de l'art ? » Catherine Millet explique que
« César, aussi classique soit-il dans l'esprit
[...], aussi attaché soit-il au “métier”, se
trouve pris dans une problématique qui
fait que la sculpture n'est plus seulement
l'art des belles proportions à bâtir et des
beaux matériaux à caresser [mais] qu'elle
peut être une idée ». Pour Jean Nouvel,
qui a dématérialisé et conceptualisé
l'architecture, il est essentiel de privilégier
cet aspect conceptuel de l'oeuvre de
César en mettant en exergue trois gestes
plastiques fondamentaux (Empreintes
humaines, Expansions et Compressions)
à l'aide d'une scénographie organisée de
façon typologique et non chronologique.
Il présente également quelques Fers,
dont l'expressionnisme et le naturalisme
rappellent la grande virtuosité technique
du sculpteur. Ainsi, la mise en scène de
Jean Nouvel nous éclaire-t-elle sur une
oeuvre qui résulte d'élans contradictoires
et qui allie la virtuosité à l'invention,
les matériaux traditionnels aux matériaux
contemporains et les techniques les plus
abouties aux plus expérimentales.
“César3” par
Jean Nouvel
- “César3, Transmissions
de pensées” par Jean Nouvel
(extrait du catalogue de l'exposition)
10 ans, le temps passe... 10 ans que tu ne
m'exprimes plus tes doutes, tes peurs, liés
au sens de tes explorations, liés à ton incompréhension
du manque de reconnaissance
et évidemment à ton angoisse de l'oubli...
les souvenirs s'estompent. Parmi eux restent
des éclats de lumière, des éblouissements.
L'art témoigne longtemps après d'attitudes
datées qui deviennent des points de repère.
La vie d'un artiste est marquée par ce qu'il
a su extraire du temps, de son temps, parce
qu'il nous a obligés à voir, puis à regarder
alors que nous ne l'avions pas identifié. Rassure-
toi tu as été un travailleur de fond. J'ai
toujours été impressionné par l'importance
que tu accordes au travail comme si la souffrance,
le temps de l'effort étaient un critère
d'authentification de l'oeuvre. Ton mépris
du travail artistique facile, instantané et
automatique est clair. C'est même la raison
de ton refus d'une grande partie de la production
artistique de ton époque... quand je
pense que ton hédonisme, ta gentillesse, ta
générosité, ta bonne humeur, ton goût de la
bonne chère et des belles rencontres ont pu
faire croire à ceux qui ne te connaissaient
pas que tu étais un histrion, mais... quand je pense aussi à tes divertissements stylistiques
et à tes irrépressibles jeux enfantins
avec ta virtuosité, on peut sourire et même
leur trouver un début d'excuse... Mais,
l'amuseur public a tiré sa révérence. Le
temps décante.
Il reste ce que tu as arraché
aux profondeurs de ton temps.
- 1. Ces masses d'acier concentrées, densifiées,
enchevêtrées, pliées, contraintes, qui
expriment à la fois un passé mécanique et
des futurs à répétition dont d'autres artistes
révéleront peut-être les cycles.
- 2. Ces poings, ces mains, ces doigts,
ces seins, échantillons du corps humain,
emblèmes de la sensualité agrandis dans
une perfection anatomique allant jusqu'à
l'empreinte digitale, le grain de la peau
ou le pore, jusqu'à cet étonnement d'entomologiste
sur la bizarrerie de notre espèce
humaine. Révélation et dissociation de la
forme et des fragments par les matériaux,
les couleurs et les échelles différentes.
- 3. Puis il y a cette matière qui coule et
soudain se fige dans son mouvement, dans
son glissement, dans son gonflement, cette
parfaite brillance, lisse à caresser, qui vient
de nulle part, qui ne va nulle part mais qui
est là, fière de la perfection de son galbe.
Ce sont là tes extractions des profondeurs
d'un xxe siècle qui se consumait dans
l'acier, se questionnait sur les dimensions
de l'homme et de l'univers et jouait aux
apprentis sorciers avec des matériaux non
identifiés et chimiquement modifiés. Ce
sont trois pépites, ou plutôt trois gisements
qui nous en disent et qui nous en diront
autant sur l'essence et les sensations de ce
siècle que les plus respectables thèses, photographies
ou écrits de nos bibliothèques.
Ne doute plus César, tu es non seulement
reconnu mais identifié : Compresseur.
Agrandisseur. Expanseur. César ne signifie
pas une formule chimique ou César III
mais César puissance trois.
Exponentiel mon ami...
À bientôt pour quelques transmissions
de pensées dans une nuit bien noire
mais étoilée...
- 261, boulevard Raspail 75014 Paris
- Métro Raspail ou Denfert-Rochereau (lignes 4 et 6)
- RER Denfert-Rochereau (ligne B)
- Bus 38, 68, 88, 91
- Vélib' 2, rue Victor Schoelcher
- Stationnement réservé aux visiteurs
handicapés moteur devant le
2, rue Victor Schoelcher
- L'exposition est ouverte au public
tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h. -
Nocturne le mardi jusqu'à 22h.
- Droit d'entrée : 6,50 €
- Tarif réduit* : 4,50 €
Gratuit**
- Accès libre pour tous les visiteurs
le mercredi de 14h à 18h.
- Billets en prévente dans le réseau Fnac.
- * Étudiants, moins de 25 ans, carte Senior,
Amis des Musées, demandeurs d´emploi
** Laissez-passer, Cercle des amis, moins de 10 ans,
ICOM
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