Classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, Essaouira, au Maroc accueille un nombre croissant de visiteurs, attirés par la beauté et l'authenticité de la ville ceinte de remparts.
L'homme est adossé au mur ocre, immobile. La capuche de son burnous brun lui camoufle le visage. Il semble endormi. Trois femmes flânent et bavardent en riant. Leurs caftans turquoise,oranger, bleu ciel se détachent d'un mur ombragé. Sur la tour, l'horloge offerte par Liautey marque 18 heures. A cet instant le soleil éclaire la ruelle qui bruisse d'une foule colorée depuis la fin de la prière à la mosquée. Si ce n'était la déambulation de quelques touristes, on aurait le sentiment de plonger dans une aquarelle de Delacroix, une de celles qu'il a rapportées dans son carnet de voyage au Maroc en 1832.
Aux artisans qui façonnent des bijoux en argent, succèdent les vendeurs de babouches et de maroquinerie, les étals de céramiques décorées et cuites à Safi, les boutiques de boites en bois de tuya, une des spécialités de la région, les restaurants, les marchands de figues, d'épices, de poissons... Dans la rue principale slaloment habilement les carrioles tirées par des hommes, au milieu d'enfants qui suivent leurs mères, de jeunes jugés sur de vieux vélos qui klaxonnent pour que le passant s'écarte, tandis que des chats, indifférents à l'agitation, baillent, paresseusement allongés sur les murets chauds.
Avec ses rues qui se croisent à angle droit, Essaouira « la bien dessinée » a été construite, pour l'essentiel au XVIIIe siècle, sur les plans de l'architecte français Théodore Cornut que le Sultan Mohammed Ben Abdallah avait appelé. S'appuyant sur le plan des villes fortifiées de Vauban, Cornut a pensé Essaouira en fonction du sens des vents. C'est d'ailleurs de là que partent les alizées qui conduisent tout droit vers le Brésil et l'Amérique du sud.
Essaouira, en ce mois de juin 2013, n'a rien perdu de son authenticité. La médina, cette vielle cité ceinturée de remparts, classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, maintient à travers le temps, sa façon de vivre traditionnelle, qui en fait son charme et séduit tant les visiteurs étrangers. Des visiteurs qui y viennent de plus en plus nombreux.
Car les autorités du Maroc, le roi Mohamed VI et avant lui son père, ont voulu faire d'Essaouira, un lieu de tourisme international, plutôt haut de gamme.
Depuis une quinzaine d'années, la capacité hôtelière ne cesse de croître, en quantité et en qualité.
Des maisons traditionnelles et notamment des riads se transforment en hôtels et en résidences secondaires. Tandis que des établissements de standing international investissent le front de mer et bien au-delà, s'ouvrent également des chambres d'hôtes, souvent jolies et confortables.
Le Palais de l'Heure Bleue est de ceux-là. Construit dans la médina, près de la Bab Marrakech (Porte Marrakech), il est au diapason de ces demeures marocaines : à l'extérieur, on ne voit rien qu'une bâtisse des plus banales, un haut mur à peine percé de quelques petites ouvertures. Il suffit de pousser la lourde porte peinte en bleu pour être ébloui. «Au Maroc, on peut être riche, mais à l'extérieur, il ne faut pas le montrer. La discrétion est indispensable» explique une Souirie, elle-même couverte d'un foulard et d'un manteau noir qui frôle le sol. Le patio, envahi de palmiers, de bananiers et d'autres plantes tropicales, autour d'une fontaine, est le centre de vie, le cœ,ur de l'hôtel, qui appartient à la chaîne des Relais et Châteaux. Une trentaine de chambres et de suites, luxueuses sans ostentation, dotées de salles de bains mariant le marbre rouge et le bois sombre, sont desservies par des balcons intérieurs ponctués de plantes méditerranéennes, regardent vers le patio, où un musicien vient tous les jours à 17 heures, charmer les visiteurs.
Reconstruit au terme de trois ans de travaux, après vingt ans d'abandon, et grâce aux financements de la famille Azoulay, le Palais de l'Heure Bleue —, qui tire son joli nom de cet instant très court entre la fin du jour et le début de la nuit —, se positionne également comme une des tables le plus raffinées d'Essaouira
Le jeune chef Ahmed Handour, formé par des chefs réputés du Royaume, et quelques grandes signatures de la gastronomie française, marie avec bonheur l'esprit de la cuisine marocaine, parfumée et épicée, aux subtilités de la cuisine française. Il travaille particulièrement les produits locaux : loups, daurades, gambas, sardines, homards, calamars, approvisionné chaque matin par les pêcheurs d'Essaouira, des légumes et des fromages de chèvres apportés par des fournisseurs très sélectionnés.
Dans son spa, dont les murs sont couverts de tadelak sombre, les amateurs peuvent bénéficier des soins pratiqués à l'huile d'argan, massages du corps et du visage et bien sur, comme le veut la tradition, le hamam.
Les hôtels, il y a pléthore. Essaouira en recense plus de 130, adaptés à toutes les bourses, y compris pour les « backpakers ». L'immense plage, longue de plusieurs kilomètres, a vu fleurir force établissements modernes, comme le M'Gallery Medina ou l'Atlas qui disposent, l‘un et l'autre, plus d'une centaine de chambres et de suites.
La nouveauté ? Un golf de deux fois 18 trous, signé par le célèbre Gary Player. Ouvert depuis environ trois ans il accueille pour le moment essentiellement une clientèle de golfeurs français et belges, même si déjà, précise un des responsables du golf, «les Allemands ont déjà réservé 500 forfaits pour les semaines à venir». Les promoteurs visent une expansion internationale beaucoup plus importante. Sur un espace de 600 hectares, dont les deux tiers sont déjà aménagés, va s'étendre un immense complexe touristique qui intègrera deux nouveaux hôtels 5 étoiles, en plus du Sofitel Golf Mogador déjà en activité.
A l'opposé,quelques kilomètres suffisent pour déboucher dans un autre Maroc. Le marché du Haddad, le marché vers lequel convergent le dimanche paysans et habitants de la région, donne la vision d'un ailleurs, une planète à mille années-lumières du golf. Côte à côte, les coiffeurs-barbiers-arracheurs de dents-circonciseurs - ce sont des professionnels multi-cartes ! - offrent leurs services à l'ombre de tentes rudimentaires.
Installés à même le sol, les vendeurs d'oignons rouges, de pastèques, de sacs de riz attendent le chaland : un public essentiellement mascuin qui se fraye un chemin entre les charrettes, les carrioles tirées par un âne. Plus loin derrière un muret en partie écroulé, se concentre le marché au bétail. Au milieux des beuglements, bêlements, braiments, hennissements, les hommes chargent les bêtes sur leurs camions et camionnettes, en les poussant, les tirant, les encourageant, les engueulant.
A quelques tours de roues du marché du Haddad, nouvelle surprise. Charles Melia un Français, y a planté des vignes. Lui qui exploite un domaine de 26 ha à Châteauneuf du Pape... est venu créer un domaine viticole dans ce quasi-sud marocain, le Val d'Argan. Il est le seul à avoir osé le faire, animé par son amour du Maroc où il a passé une partie de son enfance, et son savoir-faire acquis dans la Vallée du Rhône ! Installé en 1995, non loin de l'aéroport, il développe une production de vins bio, et la vend depuis une douzaine d'années. Après avoir tenté l'expérience avec 5 ha, il en compte bientôt plus de 50, ayant laissé à sa fille aînée, la responsabilité du domaine en France. Plantant des cépages réputés au nord de la Méditerranée, il s'est adapté à ce climat si particulier de la région d'Essaouira : il invente des techniques inédites, comme ombrager les ceps par des branchages de mimosas et d'eucalyptus lors des grands vents d'est qui dessèchent en un rien de temps les feuilles et les fruits de la vigne. Et il envisage de labourer à l'aide...d'un chameau.
Le développement d'Essaouira et son ouverture à l'Europe n'a pu se faire que grâce à l'amélioration de la desserte aérienne. Son tout nouveau aéroport international, accueillait jusqu'à il y a peu, les liaisons directes assurées par la seule compagnie Royal Air Maroc. Depuis mars 2013, Transavia, filiale low cost d'Air France a ouvert une desserte bi-hebdomadaire, les lundi et les vendredi au départ de Paris Orly sud, laquelle rencontre un vrai succès. Bien adaptée à des courts séjours —, grands week-ends par exemple —, l'offre de Transavia propose des tarifs particulièrement attractifs : à partir de 85 € le vol (aller ou retour).
Un vrai et formidable dépaysement à moins de trois heures de vol de Paris.
-- Transavia. Essaouira 2vosl/semain. A partir de 85€ par vol. La compagnie assure au Maroc - ainsi qu'en Italie, au Portugal, en Espagne, en Croatie et autres pays du bassin méditerranéen, des dessertes complémentaires à celles d'Air France, à partir de 40€ le vol.
Le Palais de l'Heure Bleue. tel 212 (0) 5 24 78 34 44.
Chambre classique: 300 €
Suite Senior : 530 €
Il existe également des forfaits
--Vins du Val d'Argan. Le Val d'Argan offre également cinq jolies chambres d'hôtes, autour d'une piscine, et un restaurant de qualité. Ounagha, Route de Casablanca. Fax 212 (0) 5 24 78 31 01
Le Palais de l'Heure Bleue. tel 212 (0) 5 24 78 34 44.
Chambre classique: 300 €
Suite Senior : 530 €
Il existe également des forfaits
--Vins du Val d'Argan. Le Val d'Argan offre également cinq jolies chambres d'hôtes, autour d'une piscine, et un restaurant de qualité. Ounagha, Route de Casablanca. Fax 212 (0) 5 24 78 31 01
Par
Ajouter un commentaire