”Des femmes disparaissent”, de Christian Garcin

Avec 'Des femmes disparaissent', nous voici dans les pas d'un Zorro chinois détective privé, spécialisé dans l'enlèvement de jeunes femmes bafouées ! Christian Garcin déploie ici ses talents de conteur hors normes. En jouant sur tous les registres de la narration : thriller, roman d'aventures, fantastique, il nous conduit avec la plus grande fantaisie entre Asie et Occident. Question : le coeur de Zorro n'a-t-il battu que trois coups sur quatre ?





... Dans le sud de la Chine, il existe encore des familles qui vendent leur fille unique pour les marier à des hommes plus âgés et devenir des 'choses de l'intérieur'...

Il a suffi de quatre Japonais dans un bar enfumé de Guangzhou pour activer chez le détective privé Zhu Wenguang —, dit « Zuo Luo », ou encore « Zorro » —, la lointaine mécanique des souvenirs.

De la belle Yatsunari Sesuko, qui a fini sa vie cloîtrée dans un temple bouddhiste, à la timide Zheng Leyun dont la famille fut massacrée pendant la Révolution culturelle, en passant
par la délicieuse Yang Cuicui jadis maltraitée par son yakusa de mari, les destinées tragiques des trois femmes de sa vie se répondent, et le convoquent soudain.

Ce sera d'abord dans le Chinatown new-yorkais, puis dans l'extrême nord du Japon, aidé par une medium, un chien errant et une enfant perdue, qu'il devra tenter de démêler l'écheveau des souvenirs, au rythme lancinant d'un road movie existentiel bercé de contes traditionnels et de musiques chinoises.

L'auteur : Christian Garcin

Christian Garcin est né en 1959 à Marseille. Il a publié son premier roman, Vidas, en 1993, chez Gallimard, qui a été suivi d'une vingtaine de livres salués par la presse, La Piste, mongole, La Jubilation des hasards, Le Vol du pigeon voyageur et autres . Grand voyageur, Christian Garcin se sert de ses découvertes pour alimenter son œ,uvre.


Vidéo Christian Garcin : 'Des femmes disparaissent'

CHRISTIAN GARCIN ,Des femmes disparaissent,
envoyé, par editions-verdier. - Futurs lauré,ats du Sundance.


Extrait

Très brève histoire de Michele Chen
et du chien Vieux-Fang, racontée par Zhu Menfei
à son cousin Zhu Wenguang, dit Zuo Luo


La femme de Frederic Chen, Michele, était une voyante assez réputée, qui un jour qu'elle déjeunait ici avec son mari et son fils James Edward, s'était arrêtée sur le pas de la porte d'entrée, les yeux fixés sur ce chien qui depuis des années vivait dans le quartier, ayant toujours réussi à déjouer les plans des services de la fourrière, se nourrissant des restes chipés ici et là dans les poubelles autour des restaurants, qui heureusement pour lui ne faisaient pas défaut dans le quartier. Frederic et le petit James Edward étaient venus s'asseoir sans plus se soucier de leur épouse et mère, et au regard interrogateur de Zhu Menfei sur sa femme, Frederic avait répliqué que cela lui arrivait parfois, elle était sans doute en conversation muette avec le chien, il ne fallait pas s'inquiéter, elle allait les rejoindre d'ici quelques minutes. Elle est medium, vous comprenez, s'était excusé Frederic, elle a accès à des réalités que nous ne voyons ni vous ni moi. Mais cela n'a aucune importance, je vous assure, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez prendre la commande en attendant. Pendant ce temps, Michele Chen était figée sur le trottoir, face au chien qui lui non plus ne bougeait pas, chacun ayant les yeux muettement plongés dans le regard de l'autre. Les gens faisaient mine de ne pas les remarquer, ou les contournaient en examinant bizarrement ce tableau d'une femme jolie, élégante et richement vêtue figée face à un vieux chien miteux. Au bout de quelques minutes, Michele Chen était à son tour entrée dans le restaurant et avec un sourire gracieux s'était assise à la table de son mari et son fils comme si de rien n'était. Menfei était debout à côté d'eux, en train de noter sur son calepin « oreilles de porc marinées au concombre, raviolis au curcuma, pattes de canard gluantes ». Il m'a parlé de lui, avait-elle dit à son mari, sans prendre la peine de chuchoter, apparemment pas gênée du tout que Menfei entende ses propos. Qui t'a parlé de qui ? avait demandé Frederic. Le chien, avait insisté Michele, il m'a parlé de lui. Il y a une quinzaine d'années il s'appelait Fang Zhubei, on le surnommait Vieux-Fang, il vivait en Chine dans la ville de Deyang, tu connais ?


- Des femmes disparaissent. Une enquête de Zuo Luo
- Auteur : Christian Garcin
- Editeur : Verdier
- 192 pages
- Date de parution : janvier 2011
- 16 €



Par Nicole Salez

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