La tentation est forte pour les marques cosmétiques de se laisser tracter par la médecine esthétique tant celle-ci a pris de place auprès des consommatrices.
Reste que s'agissant de toxine botulique et d'acide hyaluronique on ne peut éviter la piqûre de l'injection, que la DHEA reste une hormone qui n'est pas à laisser entre toutes les mains et qu'un peeling moyen ou profond restent des gestes lourds nécessitant l'intervention experte de médecins dûment formés et entraînés.
Alors les cosmétiques « like », c'est-à-dire, promettant, peu ou prou, une efficacité analogue à ces produits et ces gestes médicaux : réalité ou marketing ? Un peu des deux serait la réponse la mieux adaptée si l'on en croit les spécialistes de la formulation.
Entre science et marketing
Gérard Redziniak, lui même directeur de recherche et développement —,on lui doit entre autres le célébrissime Capture de Dior et les premiers liposomes-, aujourd'hui Président de la Société française de Cosmétologie nous aide à y voir un peu plus clair.
L'approche scientifique, selon lui, reste vraie mais la demande du marketing souvent surévaluée. « Les chercheurs en cosmétique travaillent sur les mêmes mécanismes que le secteur médical. Les clés moléculaires peuvent être copiées. Ainsi, l'Argireline souvent utilisée dans les produits cosmétiques dits Botox-like (L'argireline est utilisée pour relaxer les tensions faciales, ce qui mènerait à une réduction des rides d'expression et, à long terme, à une diminution du nombre de rides et ridules). Elle est issue d'un fragment de toxine botulique et permet -mais attention, sur le long terme seulement (1 à 3 mois d'application)- d'obtenir une relaxation douce des muscles. Ce ne sera jamais aussi spectaculaire qu'une injection de toxine botulique mais cela peut, par exemple, après une injection, en prolonger un peu les effets. Encore faut-il que les formules du produit soient parfaitement adaptées à la molécule. Souvent des formules plutôt épaisses. Certaines crèmes hydratantes ont parfois le même effet. Cela étant il ne faut évidemment pas attendre que le cosmétique puisse se substituer à la médecine esthétique mais elle peut utilement l'accompagner ».
Même constat pour les cosmétiques contenant de l'acide hyaluronique. On s'aperçoit, aujourd'hui, selon Gérard Redziniak, que de petits fragments d'acide hyaluronique, issus de cosmétiques, pénètrent dans la peau et peuvent y enclencher des mécanismes qui vont provoquer la fabrication d'acide hyaluronique dans le derme. En formulation cosmétique, on demande que les gros polymères restent en surface pour provoquer un effet éponge. Une molécule d'acide hyaluronique peut retenir jusqu'à 1000 fois son poids en eau. En surface il peut ainsi gonfler dans les rides et les estomper. De tout petits fragments excitent certains récepteurs de la peau et peuvent être perçus par elle comme une incitation à relancer le mécanisme naturel.
La plus visible, probablement, de ces techniques douces qui reprennent la terminologie médicale est le peeling doux. Au lieu d'être une dermabrasion allant, comme son nom l'indique jusqu'au derme, il opère une épiderme-abrasion favorisant, à l'évidence, un renouvellement en surface de la peau immédiatement visible. Il reste que les promesses superlatives du marketing doivent être modérées.
Accompagner oui, se substituer, non
Le Président de la Société Française de Cosmétologie le souligne : « la cosmétique a autre chose à dire que la médecine. Nous ne pouvons pas nous y substituer mais nous pouvons efficacement l'accompagner ou la précéder. Il y a fort à parier que nous verrons naître de plus en plus de cosmétiques ayant une base pharmaceutique et seulement une ou deux molécules, qui seront en parfaite synergie avec les produits et les mécanismes de la médecine esthétique pour en améliorer les résultats et la tenue. »
Pour l'heure, comment faire pour reconnaître un produit sérieux ? Demandez à votre fournisseur de vous expliquer le fonctionnement technique de la formule avec son actif et travaillez avec des marques de confiance. Il n'y a pas d'autre moyen de vous faire une idée mais d'ores et déjà, vous pouvez conseiller à vos consommatrices qui sont passées par la médecine esthétique, de soutenir leur résultat avec les cosmétiques les plus appropriés et les plus complémentaires dont vous disposez.
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