Cinéma Norvégien à Issoudun

Les cinémas Les Elysées et le Musée de l'Hospice Saint-Roch proposent un rendez-vous exceptionnel le dimanche 3 avril 2011 autour du cinéma norvégien, dans le cadre de l'exposition de l'artiste norvégienne Anna-Eva Bergman au Musée de l'Hospice St-Roch à Issoudun.

Quatre films parmi les plus importants du cinéma norvégien seront proposés dans la journée au cinéma Les Elysées : Un chic type à 10h30, La nouvelle vie de M. Horten à 13h30, Nord à 15h et Home for Christmas à 16h30.

Un chic type de Hans Petter Moland

*(1h47, 2010)




À peine sorti de prison, Ulrick tente de se réinsérer. Il n'a pas d'ambition particulière, il veut juste prendre un nouveau départ. Mais entre son ex patron mafieux, sa logeuse qui le harcèle sexuellement, son fils qui ne veut pas le voir et bien d'autres péripéties, Ulrick a du mal à trouver sa place. C'est un chic type, toujours prêt à rendre service... Mais jusqu'à quel point ?
S'il est vrai qu'on ne fait pas de l'art avec des bons sentiments, filmer un homme gentil —, et le signaler dans le titre —, tient presque de l'audace : le spectateur risque de s'endormir ou de se moquer. Mais le héros Ulrik a un passé de criminel qu'il ne pourra effacer qu'en commettant un nouveau crime et en confirmant ainsi son statut de meurtrier. Paradoxalement, s'il y a une conclusion à tirer du film, ce pourrait bien être alors que c'est par le mal que se combat le mal. La bonté qui est ici dépeinte a son prix : elle n'est ni niaise ni naïve. Le personnage, pourtant, a quelque chose d'un idiot (ce qu'accentue le jeu de Stellan Skarsgård), abruti sans doute par ses douze années de prison. Mais peut-être que l'idiotie est une condition nécessaire de la gentillesse...

De toute façon, la plupart des scènes tournent à la dérision ou à la caricature. La gentillesse elle-même prête à rire dans cette comédie. Et c'est moins comme récit à thèse que comme divertissement porteur d'émotion et de gaité que ce film demande à être vu. En vérité, ce long métrage traite surtout de la bonté et des difficultés qui accompagnent son expression en société.

La Nouvelle Vie de M. Horten de Bent Hamer

* (1h47, 2008)


La vie solitaire et bien rangée de Horten, cheminot retraité, va être bouleversée par plusieurs questions dérangeantes. Comment Horten a-t-il pu se laisser entraîner dans une situation aussi embarrassante alors qu'il devait fêter sa retraite ? Aura-t-il l'occasion un jour de prendre l'avion ? Comment s'est-il retrouvé en chaussures rouges à talons hauts ? La seule certitude, c'est que Horten va au-devant d'aventures hors du commun et de rencontres insolites.

Nord de Rune Denstad Langlo

*(1h18, 2009)


Après une dépression nerveuse, l'ancien skieur professionnel Jomar Henriksen travaille comme employé des pistes au fin fond de la Norvège. Autrefois auréolé d'une célébrité internationale comme descendeur free style, il s'est désormais complètement retiré de la compétition pour vivre dans la solitude enneigée. Il ne veut plus entendre parler de ski et néglige aussi les tâches qu'on lui a confiées. Au lieu de vendre les forfaits ou d'entretenir les remontées mécaniques, il passe son temps à fumer, boire, et surtout à ne rien faire. Un beau matin, un ancien ami se présente chez lui et lui annonce qu'il est le père d'un enfant qui vit dans le nord du pays. Jomar entreprend alors de partir à sa recherche.

En suivant ce héros désenchanté et peu bavard dans son périple en moto-neige, le spectateur se laisse surprendre par l'humour qui se dégage des situations loufoques et des personnages improbables rencontrés au fil du voyage.

Home for Christmas de Bent Hamer

*(1h21, 2010)


Cela fait maintenant plus de quinze ans que le réalisateur norvégien Bent Hamer nous enchante grâce à une petite musique singulière qui fait tout le charme de son cinéma. Que cela soit un comique visuel dans Kitchen stories, une douce mélancolie dans La nouvelle vie de monsieur Horten ou tout simplement la poésie à l'état pur dans Un jour sans soleil, le cinéaste parvient à chaque fois à trouver le ton juste, entre le désespoir décalé d'un Aki Kaurismaki, l'humour d'un Jacques Tati et le spleen discret du cinéma nordique. Son nouveau long-métrage inspiré des nouvelles de Levi Henriksen (non publiées en France) prouve une fois de plus son aisance dans la peinture des petites misères quotidiennes de personnages que l'on pourrait croiser au détour de n'importe quelle rue. Même si le film est irrémédiablement ancré dans un univers nordique, avec la présence constante de la neige, les saynètes qu'il nous conte sont universelles dans leur propos.

Sous la forme d'un film choral, le réalisateur suit une galerie de personnages dans leurs tentatives désespérées de se rapprocher les uns des autres. Si certains parviendront à leurs fins, d'autres se heurteront au rejet et à l'incompréhension. En situant toutes ses histoires le jour de Noël, Bent Hamer accentue davantage encore le sentiment de solitude qui étreint ses protagonistes principaux. Fête familiale par excellence, cette célébration où tout le monde doit respirer la joie de vivre est également l'occasion de marginaliser un peu plus ceux qui n'entrent pas dans le moule conformiste imposé par la société. Pour la plupart paumés, les différents personnages de Home for Christmas sont finalement tous touchants jusque dans leurs maladresses. Constitué de tranches de vie souvent splendides et émouvantes, le film s'achève sur une envolée poétique de toute beauté.

Par Nicole Salez