Dix artistes français et suisses ont répondu présents dans le cadre de Acte 3, Art et Vie en Aravis, itinéraire artistique qui passera par douze communes des Vallées de Thônes (Haute-Savoie): Lang/Baumann,
S.Dejode et B.Lacombe, Carol Brandon, Gérard Bringuier,
Miguel Chevallier,
Nicolas Muller,
Benoît Billotte,
Damien Beguet.
Chaque artiste travaille à la conception d'une ou plusieurs oeuvres et à leur
installation dans différents sites des Vallées de Thônes. Une recherche
approfondie dans chaque localité, des rencontres avec les habitants, la
prise en compte des spécificités reconnues ou inconnues des lieux
servent de base à l'élaboration de leurs projets.
Les artistes invités reflètent la diversité des démarches et des formes
plastiques actuelles : installation, environnement, esthétique relationnelle,
photo, vidéo, arts électroniques...
Les artistes de Acte 3, Art et Vie en Aravis
LANG / BAUMANN
Sabina Lang et Daniel Baumann (Suisse) travaillent ensemble depuis le début des années 90.
Sous le label L/B, ce couple développe un corpus d'oeuvres d'une grande diversité : peintures murales,
installations, sculptures, mobiliers, photographies, vidéos, architectures, etc. Ils passent d'un médium à un
autre avec autant d'aisance que de rigueur. Ils revisitent tout en la remettant en jeu l'esthétique des années
60 et 70.
Alors que nos sociétés sont aujourd'hui profondément traversées par le doute et l'incertitude, Lang et
Baumann se jouent des peurs et de la morosité ambiantes en réactivant avec humour et rigueur l'esthétique
caractéristique de la prospérité économique et sociale de ces années 60 et 70, alliant vivacité des couleurs
et rondeurs des formes.
Qu'ils redessinent les lignes de jeu d'un stade de football de façon non-orthogonale (Dymano Kiev, 2001),
qu'ils réalisent le salon d'un bar à Cape Town (Beautiful Lounge, 2003), qu'ils conçoivent un drôle d'hôtel
futuriste constitué d'une chambre unique (Expo.02 / Hotel Everland, 2002) ou qu'ils transforment la
perception du cube blanc avec de grandes peintures murales, à coups de motifs géométriques colorés, ou
avec un réseau de gros boyaux blancs gonflés comme à la Villa du Parc / centre d'art contemporain
d'Annemasse (comfort # 4, 2007), leurs créations ont toujours une belle cohérence formelle. Elles stimulent
les interactions sociales. Elles réussissent à renouer le dialogue avec l'architecture des lieux intérieurs
(musée, galerie, centres d'art) ou extérieurs (parkings, places publiques, façades d'immeubles...). Pour ACTE 3, ils ont choisi d'intervenir à La Clusaz pour faire de la patinoire une oeuvre d'art abstrait :
'Patinoire / Spielfeld #4'
SOPHIE DEJODE & BERTRAND LACOMBE
Depuis huit ans, Sophie Dejode et Bertrand Lacombe travaillent sur un projet en constante évolution : Floating
Land. Ce territoire indépendant, nomade et autogéré est destiné à la diffusion de créations contemporaines
dont les auteurs constituent une communauté en mouvement continu. Énergie, polyvalence, réseau,
expansion sont quelques autres notions déterminantes de cette entreprise impressionnante.
'Floating Land est conçu comme un nouveau territoire social, politique et économique, peuplé de citoyens
concernés par les questions de création et d'autogestion. Dans la constitution de Floating Land, Dejode et
Lacombe mettent leur autonomie artistique à l'épreuve des besoins utilitaires et quotidiens : manger, dormir,
se déplacer.
Pour les Floating Landais, les artistes créent des espaces habitables, des lieux de convivialité, des outils de
locomotion poétiques, absurdes et fonctionnels. Dessins, sculptures, installations, films et performances,
grandeur nature ou maquette : le travail de Dejode et Lacombe ne se limite à aucun médium, aucune échelle,
aucun matériau particulier. Floating Land est une interface subversive entre réalisme et utopie.
L'année 2009-2010 est un tournant important pour l'évolution du projet de Sophie Dejode et Bertrand
Lacombe. Puisque plusieurs opportunités se présentent pour donner au territoire Floating Land des assises
solides et concrètes :
En septembre 2009, l'île de Floating Land sera construite et dérivera sur l'Hudson river à New-York. Nous
travaillons au projet ambitieux de développer un lieu de collaboration et production. Un « robot » lieu de
vie, salle de conférence, cinéma, ateliers...fait de l'assemblage de 30 containers. Le Floating Land dans sa
version idéale !
En mars 2010, sera inauguré le projet : « Le château Fort ». En effet, pour l'événement ACTE 3 (Biennale
d'art contemporain en Aravis), Sophie Dejode et Bertrand Lacombe projettent de construire à Entremont le
premier refuge-résidence pour artistes, une sorte de château-lego fait de l'assemblage de huit containers
marines (4 containers de 6 m de long posés à l'horizontale pour les remparts, 4 posés à la verticale pour les
tours, avec au centre un carré de 6m sur 6m recouvert d'un dôme de verre qui servira d'atelier de
production pour les artistes).
Le château sera aménagé de manière à servir de lieu de vie et de travail pour un artiste ou un groupe d'artistes
le temps de l'élaboration et de la réalisation de leur projet. Il sera également utilisé par Sophie Dejode et
Bertrand Lacombe comme terre d'accueil pour générer des sessions collaboratives d'artistes « floating
landais » afin de développer les prochaines étapes du projet Floating Land (achat d'un terrain à Berlin sur
lequel sera implanté le territoire de Floating Land, lieu de coproduction, de recherche, d'expérimentation, et
futur institut d'art autogéré, sous la forme d'un robot fait de 30 containers).
Le projet du Château est un projet de micro architecture. Mais il est tout autant à considérer dans son aspect
sculptural comme une oeuvre d'art. En effet, les artistes mettent un point d'honneur à ce que tout soit conçu
et réalisé de la main des artistes (de la plomberie à la réalisation du mobilier). L'objectif est que l'agencement
de l'espace intérieur aille au-delà des impératifs de la fonctionnalité et de l'esthétique lisse du simple design.
Ils entendent réaliser des objets, des meubles qui seront en même temps des sculptures.'
Sophie et Bertrand
CAROL BRANDON
Carol Brandon vit à Annecy et travaille sur l'image vidéo.
randon@free.fr
Le terme «d'image vidéo» signifie, par rapport à mon travail, des images numériques en mouvement ayant
subies un certain nombres d'altérations et de transformations par des logiciels informatiques. Au départ,
l'image a été enregistrée par une caméra, mais ne nous montre en aucun cas quelque chose tel que l'oeil
peut le percevoir dans la réalité.(...)
L'image est d'abord une trace supposant un référent à cette image. En vidéo, l'image, dans un premier
temps, est trace, enregistrement d'une réalité. Mais son passage en numérique dans l'ordinateur, la
requalifie : elle change de statut pour devenir une image électronique. Elle dépend totalement de l'outil qui va
nous la dévoiler.
Carol Brandon intervient sur la commune des Clefs. Son travail se réalisera de manière participative, en
collaboration avec des habitants de la commune.
Il se déploiera dans le temps (en plusieurs étapes, créant des liens entre culture traditionnelle et art
informatique actuel) et d'autre part de l'espace géographique de ACTE (sur le territoire des 12 communes
participantes) à l'espace virtuel des moyens de communication hypermédia (téléphone portable, internet, ...).
GERARD BRINGUIER
Son matériau de prédilection étant l'aluminium, dans sa forme la plus standard, c'est-à-dire non encore
transformée, autrement le produit plat, son travail de la matière étant basé sur la découpe et la mise en
forme du produit aluminium par roulage, pliage et soudage, on pourrait dire que le sculpteur-designer Gérard
Bringuier est un artiste post-minimaliste. Même s'il n'aime pas être (dé)rangé dans une catégorie, un
mouvement, une école. Sa couleur de prédilection étant le noir, sa palette graphique et son style design, sa
façon de conjuguer art et arts & métiers étant placés sous l'influence post-Bauhaus des Jean Prouvé et ou
Charlotte Perriand, les oeuvres de Gérard Bringuier sont le plus souvent aussi pures et concrètes qu'un cube
de Donald Judd, un parallélipipède de Robert Morris ou une colonne sans fin de Brancusi , puis habillées de
couleurs primaires comme une grille de Mondrian, un module de McCraken ou une bibliothèque de Jean
Prouvé.
Pour ACTE 3, Gérard Bringuier signera deux interventions aussi monumentales que minimales. La première
à Dingy-Saint-Clair où il installera un fil rouge luminescent, une sorte de « résistance » de près de 200
mètres, à la verticale de l'une des « falaises » du Parmelan. La seconde à Manigod où il invitera le
promeneur-voyeur à traverser un énorme parallélipipède noir, une sorte de chambre noire à partir de laquelle
il pourra photographier lui-même trois ou quatre fragments du paysage panoramique des Aravis...
MIGUEL CHEVALIER
Miguel Chevalier travaille principalement à Paris où il est installé depuis 1985. Son art se
caractérise par une exploration depuis 1982 des technologies d'aujourd'hui. Son champ d'investigation prend
ses sources dans l'histoire de l'art dont il reformule à l'aide de l'outil informatique les données essentielles. Ses thèmes se rapportent à son observation des flux et des réseaux qui organisent nos sociétés
contemporaines. Il s'est imposé internationalement comme l'un des pionniers de l'art virtuel et du numérique.
Les images qu'ils nous livrent interrogent perpétuellement notre relation au monde.
Pour le Grand Bornand, Miguel Chevalier fera vivre avec le public Fractal Flowers sur la piste des Gettiers du
Chinaillon le soir du 12 décembre, jour d'ouverture de la saison de ski 2009/2010.
Dans un espace créé sous le marché couvert (la grenette), jusqu'à fin août 2010, il invitera le spectateur à
entrer dans son monde numérique interactif.
Fractal Flowers sont des graines virtuelles autonomes qui naissent aléatoirement, grandissent,
s'épanouissent et disparaissent pour laisser place à d'autres.
Nous sommes ici dans un univers mi-végétal, mi-minéral, constitué de structures filaires qui rappellent les
facettes d'un diamant. Ces fleurs fractales ont à la fois une réelle monumentalité par leurs formes
géométriques et en même temps un aspect évanescent. Ces fleurs se courbent comme pour faire une
révérence au promeneur et l'accueillir dans la virtualité de cet intriguant jardin. Elles réagissent à nos
mouvements. Dans le langage génératif et chromatique qui est le leur, elles dialoguent avec nous. Elles nous
répondent. Elles nous questionnent aussi par leur apparition et disparition insolite.
Ces nouvelles “fleurs” de Miguel Chevalier sont sorties du végétal pour embrasser le cosmique. Et nous les
contemplons, émerveillés par cette anatomie fractale qui réunit la beauté et la fragilité et célèbre cette union
par une explosion de couleur.
NICOLAS MULLER
Nicolas Muller travaille et façonne l'espace de manière intuitive. Son approche s'apparente à une recherche
constante d'équilibre. A l'heure des grandes rétrospectives de grands maîtres, au moment où la crème des
artistes contemporains pénêtre les institutions muséales et autres monuments historiques, comme le Louvre
ou le Château de Versailles, le Grand Palais ou le Château de Fontainebleau, il a décidé de présenter dans
le cadre d'ACTE 3, un ensemble de projets maniant la référence, mettant en scène une sélection de chefs
d'oeuvres de la «belle» peinture. Concrètement il nous proposera une relecture de certaines toiles de
Vermeer, Rubens ou Fragonard —, peintres à leur façon de la manière et de la volupté —, en extérieur, loin des
salles d'expositions baroques, au coeur d'une majestueuse vallée alpine, sur le territoire des communes des
Clefs, de Serraval et du Bouchet-Mont-Charvin.
« Mon travail minimal se réfère fréquemment, explique le dessinateur fou Muller, à d'incontournables
références de l'histoire de l'art. Je fuis le désabusement, me soumets volontiers, mais aussi malgré moi, à
des excès de sublime. Je me laisse facilement déborder par le voluptueux maniérisme d'un tableau. La
preuve : entre Serraval et le Bouchet, je projette par exemple d'installer un dispositif inspiré d'une des salles
du musée des Beaux-Arts de Bruxelles, consacrée au peintre belge Pierre Paul Rubens, mais pour ce faire
j'investirai un terrain vague situé en bordure de route. ».
Autre projet de Nicolas Muller pour ACTE 3 : faire dessiner adultes, enfants et adolescents des communes
de Serraval et du Bouchet-Mont-Charvin pour exposer et éditer en même temps que les siens tous les
dessins qui lui seront remis...
BENOIT BILLOTTE
Les diverses formes que prennent les travaux de Benoit Billotte, tout droit sorti du Master Immediat (art et
média) de la Haute Ecole d'Art et de Design / HEAD de Genève. ont pour principal souci la présentation de
l'image. Quelle que soit l'image : tatouage ou logo, ombre chinoise née de l'imagerie du sexe facile et de son
industrie ou image de marque reconnue d'une ONG aussi connue que l'ONU. Animateur fondateur de
l'Organisation Mondiale de l'Art Contemporain (OMAC), donc de la World Contemporary Art Organization
(WCAO) en version anglo-saxone, Benoît Billotte remet en question la notion de centre et de périphérie , il
souligne ici et maintenant, l'omniprésence de la globalisation et du rayonnement international qui peut même
s'appliquer sur le vide, l'absence, le « nowhere » « here and now ».
Pour ACTE 3, il a prévu d'installer une antenne « virtuelle mais visuelle » de l'OMAC dans le Château de
Thônes, à deux pas de la Maison de Retraite avec les pensionnaires de laquelle il parlera peut être de
l'hypothèse très duchampienne de créer une maison de retraite pour artistes. « L'installation d'un centre d'art
fantôme dans ces territoires improbables ne se limite pas, dit-il, à sur-jouer le travail d'institutionnalisation et
de sur-médiation univoque de l'art contemporain, il souligne également le principe de plus-value, souvent
esthétique, de territoires improbables à des fins économiques telles que le tourisme. »
DAMIEN BEGUET
Damien Beguet travaille sur Lyon et la région parisienne. Son espace d'observation est le monde
contemporain, celui de l'entreprise, les milieux du business et du marketing , et sa stratégie artistique
consiste à jouer la carte du manager d'une entreprise artistique pour occuper des espaces et inventer ses
propres règles.
Damien Beguet fait partie de ces artistes qui restent lucides quant à l'existence de règles économiques
régissant le devenir de leur travail. Lui, en joue avec beaucoup d'humour et de décalage, histoire de
continuer à s'immiscer au coeur de notre société.
Damien élabore un projet pour son intervention sur les communes de Saint Jean de Sixt et des Villards sur
Thônes...
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