La mise au point du Père Rougé sur la démission de Benoît XVI
Parmi les très nombreux commentaires qui ont suivi l'annonce de la démission de Benoit XVI, notre collaboratrice Marie-Laure de Vienne a choisi de relayer l'interview que le Père Matthieu Rougé a donné à une journaliste de la Lettre des Echos.
'Je déclare renoncer au ministère d'évêque de Rome, successeur de saint
Pierre': tels sont les propos du Pape Benoît XVI lundi 11 février dernier. Ex-aumônier des parlementaires, le Père Matthieu Rougé répond aux questions de la journaliste Virginie Robert pour la lettre des Echos.
Homme clé de pouvoir moral et spirituel pour l'Eglise Catholique et son milliard de fidèles, le Pape a longuement mûri sa décision de démission d'un poste à très hautes responsabilités.
Face aux secousses, aux attaques et aux quolibets verbaux tant de la classe politique que d'une partie de l'opinion publique ainsi qu'aux inadmissibles agissements de certains hommes et femmes dans les églises même , il me semble être de mon devoir en tant que chrétienne de reconnaître la compréhensible légitimité d'un tel choix. Recueillis par Virginie Robert, les propos du Père Rougé, serviteur de l'Eglise, sont là pour vous éclairer.
Que faut-il lire dans l'annonce de la démission du Pape, laquelle sera effective le 28 février prochain ?
C'est un signe de la paradoxale modernité de ce Pape. C'est un homme d'une grande liberté intellectuelle. Il a senti que ses forces déclinaient et il a eu cette démarche originale par rapport à l'histoire de l'Eglise. C'est la preuve d'une très grande liberté. Il a respecté la fin du pontificat de Jean-Paul II, mais pour lui-même, il ne s'est pas senti contraint par l'institution. Et cela est très important pour la modernité de l'Eglise.
Quel Pape aura été Benoît XVI ?
Il sera un grand Pape à sa manière. Il n'y a qu'à voir son dernier « best-seller » sur l'Enfance de Jésus. Sous un mode moins spectaculaire que Jean-Paul II, il aura une grande importance pour l'Eglise par les sept années de son pontificat. En particulier à cause de sa recherche rigoureuse de la vérité. Il l'a fait non pas comme une violence que l'on impose aux autres mais l'a vécu comme une exigence que l'on se donne à soi-même. Il aura marqué le monde par son amour et sa recherche de la vérité.
A quoi faut-il s'attendre maintenant ?
L'Eglise a un fonctionnement institutionnel très clair. Un conclave va s'organiser pour trouver un successeur au Pape. Il faut noter que cette succession est totalement ouverte. Il n'y a absolument aucune contre-indication à ce que le Pape vienne de quelque pays que ce soit. Il n'y a aucun préjugé quant à l'origine et la nationalité du pape. En revanche, il faut trouver un homme qui soit adapté à cette mission. Si l'Eglise en Occident donne l'impression d'un certain déclin, elle est extrêmement vivante ailleurs dans le monde. Il n'y a jamais eu autant de fidèles, ni de prêtres, en particulier en Afrique et en Amérique latine.
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