Agatha Ruiz de La Prada à la Piscine de Roubaix

Jusqu'à la fin août

Des formes extravagantes, des couleurs chaudes et ensoleillées : le style particulier de la mode d'Agatha Ruiz de La Prada est l'objet d'une exposition éphémère dans le musée d'art et d'industrie de Roubaix, la Piscine. Plongeon jusqu'à la fin août dans une vague créative et ultracolorée !

Le musée d'art et d'industrie André Diligent appelé La Piscine à Roubaix est un lieu étonnant qui permet à tout public d'appréhender différemment la culture, d'où le succès considérable qu'il rencontre avec près de 200 000 visiteurs par an. Cette ancienne piscine municipale construite après la première guerre mondiale par le maire soucieux d'établir sur la commune un lien social entre les différentes populations est un fabuleux mélange d'art déco, de marbre luxueux et de briques locales qui s'ouvre sur un bassin de 50 mètres.

La robe baiser

Les œ,uvres ne sont pas exposées de manière statique, elles vivent entre les cabines d'essayage, les douches et les coursives pour spectateurs chaussés. Par souci d'hygiène pour une population ouvrière qui, à l'époque, ne possédait pas toujours l'eau courante pour se laver, des thermes pour hommes et des baignoires pour femmes sont installés aux extrémités du bâtiment. Entre ces bains des sculptures animalières de Barye, de Pompon, de Caïn, de Mène.

Une icône de la mode madrilène

Agatha Ruiz de La Prada est une icône de la mode madrilène qui sort de l'ordinaire dans la mesure où elle n'épouse pas les critères habituels des créateurs de mode. Aristocrate de naissance, elle est nourrie d'art par son père, architecte renommé et collectionneur d'art contemporain. Ayant toujours voulu être peintre, elle rencontra Miro, Tapies, Warhol, ce qui la rendit plus humble et sa soif de créativité et de liberté la fit alors regarder vers la mode. En 1981, elle présente sa première collection à Madrid et face à une Espagne qui a longtemps vécu dans la peur et les années noires elle présente des robes courtes, osées et colorées opposant ainsi son joyeux chaos à une société dure et impitoyable. Elle le dit elle-même : elle déteste la couleur noire parce que « c'est comme il faut » et elle « veut faire des choses étranges que les gens n'oublient pas ».

Robe plats de roses

Une créativité omniprésente

L'exposition temporaire de la Piscine regroupe donc plusieurs œ,uvres réunies dans « un jardin de corazones » ( de cœ,urs ). Rencontrant un très grand succès l'exposition se poursuit jusqu'à la fin août et quelques 90 modèles sont exposés avec des robes de sa collection personnelle à l'image des manteaux ou maillots de bain de sa propre fille. De nombreuses pièces sont des hommages à des artistes connus ou aimés pour leur créativité : Niki de St Phalle, Sean Scully, Chilida, Warhol, Donald Judd.

Robe Herbe

La créativité est omniprésente et la matière se plie à toutes les fantaisies de l'artiste en se gonflant, s'allongeant, se durcissant, se plissant, se soulevant, en étant accrochée à des roulettes ou parée de pots de fleurs. La robe devient une cage pour des oiseaux posés sur une balancelle, un support de jardinières remplies de fleurs fraîches. Le modèle Michelin a des formes arrondies de pneu, là une robe en cristal Swarovski est ornée d'un gros cœ,ur rouge, plus loin et pour sa fille qui se regardait tout le temps dans sa glace, une robe avec divers ronds en miroir la ceignant, à la Dali, une robe se finissant en forme de bouche dont l'ouverture est un cœ,ur. Au fond, sur une robe très simple pousse de l'herbe, là encore des rouleaux matelassés superposés en tube moulant. Sans être pour autant criards et vulgaires, le rose et l'orange, les deux couleurs préférées de la créatrice, se mêlent en une osmose très gaie que seule avait réussi en son temps un certain Yves Saint Laurent.

La Piscine
-23 rue de l'Espérance
-59100 Roubaix
-Tél : 03 20 69 23 60
-www.roubaix-lapiscine.com

Boutique de vêtements et accessoires de mode d'Agatha Ruiz de La Prada sur place et possibilité de se restaurer avec les spécia lités de Meert, la pâtisserie lilloise, célèbre depuis 1761 où le Général de Gaulle commandait les fameuses gaufres fourrées à la vanille de Madagascar.

Par Marie Laure de Vienne